Le cancer, un fléau qui rapporte
Delépine Nicole
MICHALON
Extrait de l'introduction
«Le but de la politique est de garder la population inquiète et donc en demande d'être mise en sécurité, en la menaçant d'une série ininterrompue de monstres, tous étant imaginaires.»
Henry Louis Mencken (1880-1956)
Le cancer tue chaque année en France environ 150 000 personnes. Il en fait vivre bien davantage!
Notre système de santé était réputé et l'un des meilleurs du monde dans les années 1995-2000. Les Français, globalement contents de leurs soins, aspiraient à des améliorations contingentes - relation médecin patient plus profonde, informations précises, soutien psychologique, accompagnement de la douleur et des malades à domicile, réinsertion socioprofessionnelle facilitée et obtention d'assurances pour investir dans une maison, pour une nouvelle vie. Les résultats des soins proprement dits étaient satisfaisants tant sur le plan des moyens que sur celui des résultats. Les chances de guérison avaient bondi dans les dernières décennies. Les survies prolongées devenaient peu à peu des guérisons à long terme pour plus de la moitié des patients cancéreux, les progrès se poursuivaient.
Mais la manne financière attirait les convoitises. Le PIB national avait consacré 12,1 % en 2010 aux dépenses de santé et ce pourcentage augmentait chaque année. En 2009, 78 % étaient encore pris en charge par l'assurance maladie. Seulement 9,4 % des dépenses de santé en France étaient alors directement à la charge des patients, les assurances maladies privées couvrant 13,8 % des dépenses totales. Le système financier ne pouvait accepter que ces sommes en jeu considérables soient exclues de leur champ de décision. La France enregistrait 175,7 milliards d'euros de consommation de soins et biens médicaux, soit une consommation par habitant de 2 724 euros (environ le double aux USA). Malgré des coups de butoir successifs depuis sa naissance, la Sécurité sociale basée sur les salaires et la solidarité nationale avait résisté depuis 1946 aux assauts des mutuelles privées et des fonds de pension. Ses fondements allaient vaciller dès l'aube du nouveau siècle. Le monde basculait dans le capitalisme financier, la médecine de papa n'allait pas survivre. Notre système de santé soignait bien les patients mais très mal la Bourse qui réclamait son butin.
La machine à détruire fut mise en marche dès la fin du siècle dernier. En juin 2012, le verdict tombait: la France n'avait plus le meilleur système de santé au monde, il était juste dans la moyenne. Personne dans le monde médical ne fut surpris. Le coût du cancer le fit passer le premier à la moulinette des démolisseurs. Aujourd'hui, le coût du cancer s'élève seul à 14 milliards d'euros annuels pour 350 000 nouveaux patients et plus d'un million de malades cancéreux à 100 %. Sur plus de 65 millions d'habitants, le cancer représente 1 à 2 % des malades versus plus de 8 % des dépenses. D'autant plus que faire pleurer sur les pauvres cancéreux - prétendument privés de quelques mois de vie si on leur refuse les molécules toutes neuves, d'efficacité incertaine et plus chères que l'or - relève du jeu d'enfants. Les plans cancer successifs - initiés sous forme de mission cancer dès 1998 - imposèrent une nouvelle organisation de la cancérologie pour contrôler les modes de prise en charge du cancer en France et donner les traitements de leur choix. Oublié l'acharnement thérapeutique et la qualité de vie de malades auxquels la prescription de traitements éprouvés - capables de leur offrir confort et survie appréciables - nous aurait quasiment conduits auparavant à la plainte à l'Ordre. Le vice-président du Comité consultatif national d'éthique souleva le problème à partir d'un exemple concret et biaisé. Était-il éthique de dépenser 54 000 dollars pour allonger une espérance de vie de quelques mois? Pour prolonger de douze mois la vie des 550 000 Américains qui décèdent du cancer tous les ans, le journal précisait qu'il faudrait dépenser 440 milliards de dollars supplémentaires par an. En France, au nom de l'équité, il fut décidé de libérer la prescription de ces innovations à prix de luxe. De quelle équité, par rapport à qui? Du bonheur des laboratoires et de leurs complices.
| EAN | 9782841866847 |
|---|---|
| Titre | Le cancer, un fléau qui rapporte |
| Auteur | Delépine Nicole |
| Editeur | MICHALON |
| Largeur | 131mm |
| Poids | 296gr |
| Date de parution | 14/02/2013 |
| Nombre de pages | 263 |
| Emprunter ce livre | Vente uniquement |
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