Mémoires d'outre siècle. Tome 1, D'une résistance à l'autre

Mandouze André

VIVIANE HAMY

Ces Mémoires sont la démonstration resplendissante que l?engagement se vit au quotidien, s?exerce au quotidien, se remet en cause au quotidien. Aussi lumineuse que son mari, Jeannette Bouissou (qu?il a épousé en 1940), la « compagne-compagnon » de cette vie d?engagement et de résistance, n?éprouve aucun doute quant à la victoire de l?esprit et de la vie, puisqu?elle assume allègrement sept maternités sans qu?aucune ne soit prétexte à choisir le confort et la sécurité au prix d?un quelconque silence ou de la moindre compromission. En 1941, en zone sud ? à Bourg-en-Bresse où il est professeur de première ?, le cinéma de la ville projette le film de propagande Le Juif Süss; Mandouze, avec un collègue et accompagné de quelques élèves va manifester devant la salle de cinéma; il est emmené au commissariat. C?est d?une certaine façon l?entrée en résistance de l?homme avec toutes ses composantes: le Français, le professeur, l?éducateur, le mari, le père de famille, l?homme de gauche, le chrétien porté par une foi vivante et indéfectible, pour qui l?amour du Christ se conjugue avec l?amour de l?homme, celui du faible contre le plus fort, celui qui a besoin d?une vie spirituelle et non pas seulement du confort petit-bourgeois, celui pour qui les notions de « Liberté, Égalité, Fraternité », résonnent dans leur sens le plus fort, non perverti. « Je me suis donc trouvé automatiquement, si je puis dire, diffuseur du premier numéro du Témoignage Chrétien paru en novembre 1941, France, prends garde de perdre ton âme, puis bientôt responsable départemental de la diffusion de TC dans le Var. » (A. Mandouze) Début de 1943, c?est la rencontre avec le Père Chaillet, créateur et fondateur de Témoignage Chrétien, dont il devient très vite le directeur adjoint, puis rédacteur en chef des Cahiers du Témoignage Chrétien clandestins. Il convaincra le Père Chaillet que T.C. doit continuer après la Libération, et c?est lui qui en assumera la rédaction en chef, lui qui en fera un journal moderne d?où sortiront plusieurs générations de très grands journalistes. En 1946, le débat sur l?opportunité de collaborer avec les communistes l?oppose de plus en plus à ceux pour qui il n?y a aucun dialogue possible entre « ceux qui croient au ciel et ceux qui n?y croient pas ». Il donne sa démission du journal. Il s?embarque alors pour l?Algérie, sans savoir que commence ainsi cette « deuxième résistance », contre le colonialisme qui humilie les hommes plutôt que de les élever. Il y séjournera jusqu?en 1956, s?engageant totalement aux côtés des Algériens et du FLN. Il signera le Manifeste des 121, connaîtra la prison pour « trahison envers la patrie », sera une des bêtes noires de l?OAS. Sa générosité, son sens de la « fraternité » lui ont très tôt fait comprendre quelles seraient les solutions pour éviter la guerre. Las! Après l?indépendance, il retournera en Algérie en tant que directeur de l?enseignement supérieur et y restera cinq ans. À l?heure actuelle, avec la main mise des intégristes sur le pays, il est hors de question qu?il puisse y remettre les pieds sous peine d?assassinat. Pourtant, on a donné son nom à l?une des montagnes autour de Tipaza, où il avait si souvent emmené ses étudiants pour faire du « latin et du ski », et du « latin et de la natation ».

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EAN
9782878581034
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