Benjamin Britten ou l'impossible quiétude
Extrait
Extrait du préambule
Je vous jure que le temps de Britten viendra.
M. ROSTROPOVITCH, 1995
Cette prédiction du grand violoncelliste, au moment où nous avons publié la première édition de cet ouvrage, s'est, je crois, absolument confirmée ! Ces derniers dix-sept ans ont été d'une grande richesse dans la découverte bien plus approfondie et une bien meilleure compréhension de l'oeuvre du plus grand compositeur britannique du XXe siècle. Certes la France ne s'était pas encore beaucoup penchée sur sa personnalité ni sur l'analyse de son oeuvre. Or, on constate, outre-Manche, que la littérature consacrée à l'un des plus grands compositeurs britanniques est fort abondante et, il faut le dire, d'excellente qualité. Ce n'est pas dû seulement au goût prononcé des Anglais pour la biographie, c'est le résultat d'une conviction : Britten est celui qui, parmi bien d'autres au XXe siècle, est venu raviver la flamme, qu'on pouvait croire bien étouffée, de la musique anglaise, et lui redonner l'éclat international qu'elle n'avait pas connu depuis Henry Purcell. Pourtant, depuis la fin du XIXe siècle, des noms tels que ceux de Edward Elgar, Ralph Vaughan Williams, Frederick Delius, Gustav Holst, Arnold Bax, Arthur Bliss, John Ireland, Frank Bridge, William Walton, Michael Tippett, Harrison Birtwistle, Benjamin Frankel, Peter Warlock, Bernard Stevens, Peter Maxwell Davies, John Taverner et tant d'autres eussent dû nous conduire à réviser l'habituel mépris où nous tenons généralement "das Land ohne Musike" (le pays sans musique), selon la célèbre et absurde expression d'un Allemand du XIXe siècle.
BREF PANORAMA DE LA MUSIQUE ANGLAISE : 1898-1930
On s'aperçoit aujourd'hui que cette prétendue mort ou extinction de la musique anglaise, n'était qu'une vue de l'esprit, entretenue par des préjugés, un manque certain de curiosité et aussi, sans doute, par cette séculaire attitude insulaire qui n'a pas incité les Anglais à faire mieux connaître leurs oeuvres au-delà de leurs frontières maritimes.
Britten n'est cependant pas un météore né du hasard. Il s'inscrit au contraire dans cet extraordinaire courant de renaissance musicale britannique, illustrée par les noms qui précèdent, et qui a permis, par la suite, l'éclosion de tant d'autres. Il est vrai aussi que cette renaissance à ceci d'exceptionnel qu'elle jette un pont avec le XVIIe siècle finissant et que, à l'exception de la naturalisation d'un Haendel qui fournit une alternative de taille face au grand Bach, l'Angleterre serait en mal d'opposer à Haydn, Mozart ou Beethoven, un grand classique. De même, que peut-elle proposer au regard d'un Berlioz, d'un Weber, d'un Wagner, ou encore d'un Mahler ? Ce vaste gouffre des siècles classique et romantique constitue incontestablement le grand "complexe" de l'Angleterre et explique tout à la fois ce sursaut, à l'orée du XXe siècle, et le relatif conservatisme de la plupart de ses compositeurs. Se refaisant une santé, la musique anglaise a dû repasser tardivement par les étapes qu'elle avait manquées. Sans rester complètement sourde à ce que la seconde École de Vienne avait apporté d'innovant, elle fera son chemin plus lentement, mais non moins fructueusement. Ce côté "cavalier seul" est peut-être la raison du relatif mépris dans lequel on continue de la confiner : on l'a plus vite accusée de conservatisme qu'on a cherché à pénétrer sa richesse intrinsèque, son langage propre et immédiatement reconnaissable, parce qu'il est inimitable. La musique anglaise revendique en effet sa profonde insularité qui, loin de constituer un barrage, devrait être l'objet de toutes les curiosités.
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EAN
9782330024796
Caractéristiques
| EAN | 9782330024796 |
|---|---|
| Titre | Benjamin Britten ou l'impossible quiétude |
| Auteur | de Gaulle Xavier |
| Editeur | ACTES SUD |
| Largeur | 130mm |
| Poids | 604gr |
| Date de parution | 05/10/2013 |
| Nombre de pages | 583 |
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