Comment j'ai sauvé la planète / L'écologie appliqué à la vie quotidienne
Extrait
Extrait de l'introduction
Quand j'ai annoncé autour de moi que j'écrivais un livre pour sauver la planète, la réaction a été à peu près unanime. Passé l'admiration convenue, on m'a regardée d'un air affligé : «Ma pauvre Sophie, tu devrais plutôt écrire un livre sur le sexe écolo.» Mon entourage s'imaginait que j'allais me déplacer à cheval, cultiver mes légumes et arrêter de me laver. On a tenté de me raisonner en me piquant au vif : «Ne te la raconte pas. Tu es plutôt Sex and the City que La Petite Maison dans la prairie.» Même réaction du côté de mes amis les écolos à poils longs, qui m'ont toisée comme la Parisienne débarquée de son TGV : «Tu ne connais rien à la nature, comment peux-tu en parler ?» C'est vrai que, entre les piqûres d'insectes et la corvée de ramassage des feuilles en automne, mon ADN était devenu rétif à la biodiversité. Mais c'était avant que mon travail de journaliste ne me fasse réaliser que nous vivions un drame sans précédent : la sixième grande crise d'extinction des espèces et le réchauffement climatique accéléré conduisent peut-être l'humanité à sa perte. J'en suis désormais certaine : nous ne pouvons continuer de nous multiplier, petits consommateurs puisant allègrement dans les ressources naturelles, comme si cela ne portait pas à conséquence sur notre milieu. Seulement celui-ci ne nous l'a pas assez fait savoir. Tant qu'il reste de la neige pour skier et que les îles paradisiaques ne sont pas englouties par la montée des eaux, je n'y vois que du feu. De temps en temps, un typhon fait des dizaines de milliers de morts, et nous rappelle à quel point nous sommes de plus en plus vulnérables. Mais cela se passe généralement assez loin de chez moi, en tout cas suffisamment pour que je continue de dormir tranquille.
Comme vous, j'adore les hamburgers et comme Nicolas Hulot, je rêve de parcourir les continents en deltaplane. J'aimerais qu'il suffise de manger bio pour changer le monde, mais je ne vois pas bien comment je pourrais, à mon échelle, limiter la fonte des glaces... Dans le confort de mon bureau climatisé, je me demande souvent : «Qu'est-ce que je peux faire qui ne soit ni démesuré ni dérisoire et pas trop ridicule ?» Je ne suis pas le président des Maldives, qui a braqué les projecteurs sur le risque de disparition de son pays en tenant un Conseil des ministres en habit de plongeur, à trois mètres sous la mer. Je ne suis pas non plus Cécile Duflot qui va se dorer la pilule à Noël dans ces mêmes îles paradisiaques et se justifie par le fait qu'on «ne peut pas y aller en pédalo». Entre les deux, j'ai l'intuition qu'on peut trouver la voie pour une écologie avant-gardiste, inventer un nouvel homo ecologicus.
Cette conviction a été renforcée par les rencontres avec des victimes de ce monde qui marche sur la tête.
En mars 2011, j'ai dîné avec Paul François, agriculteur céréalier en Charente, l'un des grands témoins du film de Marie-Monique Robin, Notre Poison quotidien. L'homme a repris la ferme de son père, qui, à l'image de toute sa génération, aspergeait ses cultures de «produits phytosanitaires», selon le terme feutré que les commerciaux utilisent pour désigner les pesticides. Un jour de 2004, une mauvaise manipulation l'a fait inhaler du monochlorobenzène, un poison composant le Lasso®, cet herbicide du géant Monsanto. C'est peu de dire que sa vie a basculé ce jour-là : évanouissements, amnésie, problèmes de respiration, d'élocution... Cette intoxication l'a conduit à séjourner plusieurs mois à l'hôpital. Discret, meurtri mais déterminé quand je l'ai rencontré, il était au milieu d'une douloureuse bataille juridique contre le géant des biotechnologies, dont le siège se situe (ça ne s'invente pas) à Crevé Coeur, dans le Missouri. Plus tard, il a obtenu la reconnaissance de sa maladie professionnelle par la mutualité sociale agricole et la condamnation, en première instance, de la firme américaine pour défaut d'information. Une première. Avec d'autres agriculteurs victimes des pesticides, il a brisé l'omerta et espère inspirer ceux qui n'osent pas encore sortir du silence. Paul François n'arrose plus son maïs et son blé de produits toxiques, il découvre les charmes du purin d'orties et, s'il n'est pas encore converti au bio, se porte mieux. À son échelle, il est l'auteur d'une révolution douce bien plus profonde qu'elle n'en a l'air.
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EAN
9782354172954
Specifications
| EAN | 9782354172954 |
|---|---|
| Auteur | Caillat Sophie |
| Editeur | DU MOMENT |
| Largeur | 151mm |
| Date de parution | 15/05/2014 |
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