L'avancée en âge, un art de vivre

Bergeret-Amselek Catherine - Bégoin Jean

ERES

Extrait de la préface de Jean BégoinJe remercie Catherine Bergeret-Amselek pour sa confiance et l'honneur qu'elle me fait d'être le préfacier de cet ouvrage collectif, qui constitue une suite complémentaire et approfondie de La cause des aînés.Elle a mis tout son coeur et son esprit - toute sa passion -pour réunir ici vingt-deux contributeurs de disciplines différentes. Les «aînés», dont je suis, ne peuvent que lui être profondément reconnaissants pour son dynamisme et l'énergie qu'elle déploie depuis plusieurs années pour rassembler des psychanalystes de différentes obédiences et des cliniciens de différents champs, afin de faire avancer nos connaissances dans une clinique pluridisciplinaire du sujet âgé et nous permettre de regarder autrement la question du vieillissement.Il est clair que nous avons aujourd'hui à affronter une crise sociale de très grande amplitude, qui n'est pas seulement une crise financière et économique, mais une véritable et très sérieuse crise de civilisation. Je ne suis pas certain que nous ayons encore vraiment pris conscience de la profondeur et surtout du sens de cette crise. Et pourtant, ne remet-elle pas en question, dans certains secteurs de la vie sociale, un grand nombre des valeurs sur lesquelles s'est fondée notre civilisation, en particulier la confiance et l'espoir que nous, humains, voudrions continuer d'avoir dans nos capacités de développement? Des efforts de réflexion comme ceux auxquels nous invite Catherine Bergeret-Amselek et auxquels tous les contributeurs de ce livre se sont livrés avec talent et pertinence sont nécessaires, et je dirais même que nous en avons un besoin vital pour tenter d'élucider au mieux le sens de la crise par laquelle nous passons et ouvrir des pistes pour en sortir.J'évoque une crise au niveau des valeurs sur lesquelles se sont fondées les civilisations humaines. Certes, ces valeurs sont attaquées et remises en question, mais ces attaques sont aussi une preuve de leur existence: elles restent, en effet, bel et bien présentes, envers et contre tout, et il y aura toujours des hommes pour les défendre, cela ne peut faire de doute. C'est l'un des sens symboliques très forts que souligne la présence de Stéphane Hessel à ce deuxième colloque.D'ailleurs, je ne crois pas que le danger principal soit la destruction, à proprement parler, des valeurs qui fondent l'humanité. Non, je pense plutôt que le danger immédiat est ailleurs, il est plutôt celui de la confusion. Dans le domaine politique et social, nous avons eu au XXe siècle des cas dramatiques, à une échelle gigantesque, de confusions massives entre le progrès social et la régression à des pratiques totalitaires s'accompagnant parfois d'actes de barbarie que nous pouvions croire impensables et irréalisables! L'axe principal de telles confusions est celui, si courant en psychologie individuelle, de la confusion entre la force et la violence. J'ai eu l'occasion de faire une conférence sur le thème des «Sources de la violence» au GRENN en 2008. L'un des plus grands mérites des travaux de réflexion sur «La cause des aînés», c'est d'apporter une clarification absolument indispensable face à ces énormes dangers de confusion que les crises sociales et le besoin de changement, par ailleurs légitime, peuvent entraîner.

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EAN
9782749238036
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