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Une partie du tout

Toltz Steve ; Léger Jean

10 X 18

Vous n'entendrez jamais parler d'un sportif qui a perdu l'odorat dans un accident tragique. La raison? Pour que l'univers puisse nous enseigner de cruelles leçons dont nous ne tirerons d'ailleurs jamais profit, le sportif doit perdre ses jambes, le philosophe son esprit, le peintre ses yeux, le musicien ses oreilles, le chef cuisinier ses papilles. Ma leçon à moi? J'ai perdu ma liberté et je me suis retrouvé dans cette étrange prison où le plus difficile, à part s'habituer à ne rien avoir dans les poches et à être traité comme un chien qui a pissé dans une église, c'est l'ennui. Je suis capable de supporter la brutalité enthousiaste des gardiens, les érections qui ne servent à rien et même la chaleur suffocante. (Apparemment, l'air conditionné heurte l'idée que la société se fait du châtiment - comme si rien qu'en étant un peu au frais on échappait aux conséquences d'un meurtre.) Mais comment tuer le temps? Tomber amoureux? Il y a une gardienne dont le regard indifférent est séduisant, mais je n'ai jamais été bon dragueur - quand on me dit non, je n'insiste pas. Dormir toute la journée? Chaque fois que je ferme les yeux, je vois le visage menaçant qui m'a hanté toute ma vie. Méditer? Après tout ce qui s'est passé, je sais que l'esprit ne vaut pas la membrane sur laquelle il est imprimé. Il n'y a pas de distractions ici - pas assez, en tout cas - pour éviter une introspection catastrophique. Et je ne peux pas non plus refouler les souvenirs à coups de bâton.
Il n'y a plus qu'à devenir fou; facile, dans un théâtre où l'apocalypse se joue toutes les deux semaines. La nuit dernière, le spectacle était particulièrement réussi: je m'étais presque endormi quand le bâtiment s'est mis à trembler et que cent voix en colère se sont mises à hurler comme une seule. Je me suis raidi. Une émeute, encore une révolution mal pensée. À peine deux minutes plus tard, ma porte s'est ouverte d'un coup de pied et une grande silhouette est apparue, avec un sourire qui semblait purement décoratif.
«Ton matelas. J'ai besoin.
- Pourquoi?
- Nous foutre le feu à tous matelas, a-t-il dit les pouces en l'air, comme si ce geste représentait le summum de l'accomplissement humain.


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EAN
9782264050465
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