Le supplice du santal

Mo Yan - Chen-Andro Chantal

SEUIL

En 1900, Sun Bing, directeur d'une troupe d'opéra maoqiang - l'opéra à voix de chat -, entreprend de venger son épouse des humiliations que lui ont infligée les Allemands venus installer la voie ferrée. Rejoignant les Boxers, dont le mouvement contre les concessions occidentales a déjà suscité de nombreux massacres, Sun Bing décide de combattre. Sa fille, Meiniang, d'une très grande beauté, est la maîtresse du sous-préfet, Qian Ding : sous la pression de Yuan Shikai, haut fonctionnaire, Qian Ding est contraint d'emprisonner Sun Bing et de le livrer à la plus cruelle des tortures, le redoutable supplice du bois de santal. Bourreau officiel de la dynastie Qing, Zhao Jia se révèle être le beau-père de Meiniang. Parce qu'il considère cette mise à mort comme le couronnement de sa carrière, il met tout son soin à supplicier, d'une façon presque langoureuse, ce membre de sa famille.
A travers les voix différenciées de cinq personnages, l'intrigue du roman se tisse à la manière d'un opéra traditionnel et met en scène les dernières heures de la dynastie des Qing. La province du Shandong - chère à l'auteur - en lutte contre la construction par les Occidentaux d'une voie ferrée sert de cadre au récit de la chute, de la mort. La mort-apothéose, celle de l'empire Qinq, de ses mandarins érudits, de sa culture paysanne (Sun Bing et l'opéra à voix de chat), de son ordre et de sa sagesse traditionnels (le bourreau Zhao Jia qui officie devant le dignitaire allemand). La mort en fanfare, jouée et surjouée, la mort qu'on n'oubliera pas, qui laissera une empreinte indélébile qui fait du martyr le véritable héros. Celle que mettent en oeuvre, dans un ballet époustouflant, burlesque et tragique, le bourreau, le supplicié et les spectateurs, lecteur compris. La jeune femme, Meiniang, enceinte, seul personnage féminin du livre sera la seule rescapée - donnera-t-elle naissance à une nouvelle Chine ?
Dans un savoureux mélange de violence et de tendresse, d'humour féroce, de truculence et de noirceur, se découvre à nouveau le goût prononcé de Mo Yan pour les jeux de contraste. D'un sadisme raffiné, certaines scènes de torture se révèlent aussi somptueuses qu'insoutenables. En choisissant de bâtir son oeuvre sur l'histoire de son pays, et précisément sur sa terre, son art est renouvelé de plus belle, plus affirmé que jamais. Avec un brio extraordinaire, Mo Yan parvient à rallier la profondeur d'une réflexion universelle à la modernité d'une forme littéraire surprenante.

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EAN
9782020541695
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