Purifiés

Kane Sarah ; Pieiller Evelyne

L ARCHE

C'est - après Anéantis, parue fin 1998 et Phaedra's Love, en cours de traduction - la troisième pièce de la figure de proue du nouveau théâtre anglais dont on a vanté un peu partout dans le monde les qualités. Sarah Kane dont Edward Bond dit qu'elle est l'auteur le plus important de ce new british theatre s'est donné la mort, il y a quelques semaines. Il est difficile de parler au passé de quelqu'un qui nous est encore si proche, dont l'oeuvre est si récente. Sarah Kane est une exception. Car, bien qu'elle fasse partie de cette nouvelle génération d'auteurs, son style d'écriture n'a pas grand-chose à voir avec le réalisme psychologique qui caractérise l'efficacité du théâtre anglais.Le théâtre de Sarah Kane est un théâtre de cruauté. Chez Artaud, ce terme vise un projet de représentation «faisant subir au spectateur un traitement de choc, de façon à le libérer de l'emprise de la pensée discursive et logique pour retrouver un vécu immédiat». Avec pour objectif : une nouvelle catharsis, une esthétique et éthique originales. Cette définition que nous donne Patrice Pavis dans son Dictionnaire du théâtre correspond exactement à ce que Sarah Kane envisage. Avec, pourtant, une très nette différence. Car dans le théâtre d'Artaud aucune violence physique n'était directement imposée à l'acteur ou au spectateur. Chez Sarah Kane, c'est indéniablement le cas. Après quelques lignes, on entre dans un univers écoeurant, révoltant, dont on accepte ou non l'existence. S'il est facile d'énumérer les cruautés qui s'y exercent, il est plus difficile d'admettre qu'elles font partie de notre vie quotidienne et que leur présence dans l'art de Sarah Kane est le signe manifeste de la quête d'un monde où, justement, cette cruauté disparaîtrait.

12,00 €
Disponible sur commande
EAN
9782851814326