Mémoires d'un perfectionniste

Wilkinson Jonny ; Villepreux Olivier

LATTES

Extrait du prologueJamais je n'aurais pensé en arriver là. Jamais je n'aurais envisagé me poser un jour cette question: «Ai-je envie de continuer à jouer pour l'Angleterre?»J'ai été sélectionné à quatre-vingts reprises en équipe nationale, j'ai passé plus de douze ans à poursuivre un rêve. Je ne peux pas le croire, je ne me fais pas à l'idée d'abandonner cette quête. J'ai disputé trois coupes du monde et, si je tiens encore une année, je pourrais en jouer une quatrième. Or je ne suis pas certain de vouloir aller plus loin. Je ne sais pas comment arrêter l'aventure avec l'Angleterre. Ce que je sais, c'est que je ne peux plus continuer ainsi.Aujourd'hui, le 9 octobre 2010, au stade Mayol, à Toulon, un club que j'aime beaucoup, notre équipe est opposée aux Ospreys, club du pays de Galles, pour le compte de la Coupe d'Europe. Martin Johnson, le sélectionneur anglais, est là. Il vient voir le match avant notre rendez-vous de demain sur le front de mer, là où sont alignés tous les bars et restaurants avec vue sur la Méditerranée.La dernière fois que j'ai vu Johnno, c'était il y a quelques mois à Sydney et je lui avais confié qu'il se pourrait bien que mon histoire avec l'équipe d'Angleterre se termine là. Peut-être était-ce le moment pour moi d'arrêter. Mais je sens qu'il va me parler des test-matchs de l'automne qui se profilent, des adversaires, des stratégies à adopter, des combinaisons de jeu, de mon rôle dans l'équipe, et me questionner sur le style de jeu de l'Angleterre. Tout bien considéré, ce n'est que mon devoir de lui répondre. Mais dans mon esprit, l'enjeu de cette conversation ne sera pas tant de discuter de mon rôle au sein de l'équipe que de lui faire comprendre que je ne suis pas sûr de vouloir jouer tout court.Avec l'équipe d'Angleterre, j'ai perdu confiance. Je suis au plus bas, sans doute comme jamais auparavant. Pourtant, je ne veux pas que cette histoire se termine ainsi, pas de cette façon. La seule pensée de ne plus jouer pour l'Angleterre me rend malade, mais je ne sais tout simplement pas si je pourrais encore y arriver.Toulon, c'est autre chose. Quand j'entre dans le stade Mayol pour un match, les choses sont différentes. Au milieu de tous ces joueurs venus du monde entier, je suis très à l'aise. Il y a dans cette équipe autant de nationalités que de manières de serrer la main à ses partenaires. Il y a l'Australien George Smith, probablement le meilleur troisième ligne aile que j'aie jamais vu; Juan Martin Fernandez Lobbe, le troisième ligne argentin, doté de qualités techniques inouïes et d'une motivation effarante; Joe Van Niekerk, le match winner des Springboks, capitaine pour qui l'on est heureux de monter au front; Carl Hayman, le pilier kiwi dur comme un roc, capable de jouer à peu près à tous les postes sur un terrain. Ces quatre-là totalisent à eux seuls près de deux cent cinquante sélections internationales.

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EAN
9782709642217