En Haute-Bretagne, le Pays des Faluns
Le falun, une roche identitaire
Max Jonin, président de la Société de géologie et de minéralogie de Bretagne
«Le territoire de Tréfumel est remarquable par la grande quantité de sable, nommé de Saint-Grégoire, qu'on y trouve. Ce sable renferme des coquillages entiers et bien conservés, particulièrement des coeurs, des cames, des tellines, des peignes, des dents de poissons, du corail blanc, des madrépores et des vermisseaux tabulaires, ce qui prouverait que ce canton était autrefois couvert des eaux de la mer»
Jean-Baptiste Ogée. Dictionnaire historique de Bretagne, 1778.
«On a trouvé dans les falunières de Tréfumel, Le Quiou et Saint-Juvat parmi des débris de coquilles de toutes sortes, des yeux, des nageoires, des dents de poissons pétrifiés, et même des coquilles entières d'espèces qui ne se voient plus en certaine quantité que dans les mers des Indes. On en peut donner pour exemple des coraux et des volatiles enchâssés dans des pierres; la détermination des espèces serait d'un grand intérêt pour la science. Tout tend à prouver que la mer a autrefois recouvert ce terrain.»
M. Habasque, 1836.
Le cliché d'une «Bretagne, terre de granité» ne résiste pas à l'analyse si l'on considère qu'on y rencontre tout autant, voire plus, de schistes (argilites et siltites, pour être exact). Toutefois, les granités, plus résistants à l'érosion, marquent de façon significative les paysages bretons, ce qui n'est pas le cas des schistes plus tendres. En tout cas, la Bretagne n'est pas une «terre de calcaire», roche assez peu commune dans la géologie armoricaine, bien qu'elle se rencontre régulièrement dans la colonne stratigraphique* entre le Paléozoïque au Miocène (15 Ma). Pour autant, ces formations calcaires, peu importantes et peu visibles, sont cependant assez faciles à repérer sur le terrain par la localisation de fours à chaux - aujourd'hui tous abandonnés -qu'elles ont alimentés au cours du 19e et de la première moitié du 20e siècle.
Le pays d'Évran se singularise dans ce contexte. La carte géologique montre à cet endroit une «tache jaune» remarquable, due à la présence de faluns miocènes. Dans cette aire d'affleurement, l'architecture traditionnelle offre des murs d'une blondeur inhabituelle; nous sommes là en pays calcaire et cela se remarque.
Le falun est une roche sédimentaire biodétritique, c'est-à-dire constituée de fragments d'organismes et de produits d'érosion des roches antérieures. Formé en milieu marin, il résulte du transport, puis du dépôt et enfin de la consolidation de particules diverses: les sédiments. Grenu, grossier, non consolidé, de couleur jaune, riche en débris de coquilles, c'est un calcaire. Broyé, il est appelé localement «sablon» et son usage est varié: amendement des terres agricoles, auxiliaire de fusion du minerai de fer, sable, production de chaux. Localement, ce matériau induré et compact à l'état naturel se prête à la taille et à la sculpture; et porte le nom de «pierre de jauge». C'est l'élévation de murs qui fut très certainement la première utilisation des faluns comme en atteste la villa gallo-romaine du Quiou. Les autres usages, beaucoup plus récents, ne remontent qu'au 19e siècle.
Dans une histoire géologique qui, pour l'essentiel, est terminée à la fin des temps primaires (ou Paléozoïque), vers -250 Ma, cette formation témoigne d'un épisode remarquable plus récent, connu sous le nom de «Mer des Faluns». Durant toute la période de l'ère secondaire (Mésozoïque), la Bretagne est sans doute émergée. Au Tertiaire (Cénozoïque), la mer fait plusieurs fois des avancées sur le continent appelées transgressions marines qui font alors de la Bretagne une île plus ou moins rattachée au continent selon les fluctuations du niveau de la mer.
| EAN | 9782737358982 |
|---|---|
| Titre | En Haute-Bretagne, le Pays des Faluns |
| ISBN | 2737358981 |
| Auteur | Orain Véronique ; Rioult Jean-Jacques |
| Editeur | OUEST FRANCE |
| Largeur | 181mm |
| Poids | 510gr |
| Date de parution | 09/07/2012 |
| Nombre de pages | 144 |
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