Jacques Chevallier. Les fidélités successives du dernier maire d'Alger

Jacques Chevallier est le dernier acteur majeur de l'histoire douloureuse de l'Algérie française. Il reste la figure emblématique des "libéraux européens", figure détestée des pieds noirs, mais c'est pourtant lui qui négociera avec le FLN et l'OAS des accords de la dernière chance, voulant sauver ce qui ne pouvait plus l'être. L'itinéraire de Jacques Chevallier est complexe. Sa vie politique commence sous le drapeau des Croix-de-Feu du colonel de La Rocque. La guerre venue, il sera remarqué par le général Weygand, gouverneur général de l'Algérie sous Pétain, un régime dont il s'accommodera sans trop de difficulté. La paix revenue, il préfère la politique à l'entreprise paternelle. Chevallier, jeune homme pressé, se rapproche alors du parti radical, tout puissant en Algérie, puis du RPF gaulliste, avant de devenir mendésiste. Politicien ambitieux, familier des écarts brusques, Jacques Chevallier restera toute sa vie confiant en sa bonne étoile. Mais Jacques Chevallier est aussi profondément chrétien. Il est imprégné par la doctrine sociale de l'église et demeure attentif à la misère algérienne. Insensiblement, son esprit de charité se transforme en une sorte de désir de repentance. Il ira alors au bout de son chemin et, comme dans un ultime défi, adoptera la nationalité algérienne au lendemain de l'indépendance. Un geste solitaire, incompris par ceux qui vont emprunter les chemins de l'exil.