Les rebelles d'Allah

Gozlan Martine ; Kahn Jean-François

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Extrait



Extrait du prologue

Un mensonge se répand dans la société française : l'application des lois religieuses relèverait de la défense des libertés, même si ces lois sont en contradiction avec les lois civiles. En conséquence, celle ou celui qui exige de se conformer dans l'espace public aux obligations supposées de l'islam devrait être soutenu par les défenseurs des droits de l'individu.
Aussi étrange que cela puisse paraître, des esprits crédules, des intellectuels qui ont dû perdre sur une route hasardeuse toute capacité d'analyse, des journalistes en mal de lecteurs, des politiciens en mal d'électeurs véhiculent avec aplomb ce mensonge. Il permet aux islamistes d'avancer leurs pions au détriment de centaines de milliers de nos compatriotes catalogués «musulmans», quand bien même, en esprits libres et universels, ces Français prénommés Farid ou Malika tenteraient de s'arracher au destin religieux auquel on les assigne. Nos droits-de-l'hommistes font ainsi écho à leurs intégristes. Nos esprits pseudo-éclairés se transforment en fourriers de l'obscurantisme.
Ce livre est destiné à rappeler quelques vérités simples. Dans le monde islamique, les lois religieuses font obstacle aux libertés personnelles. Les droits individuels y sont constamment bafoués. La chute des tyrannies, l'élan révolutionnaire ne suffisent pas à les restaurer. Au-dessus de la volonté des peuples, souffle le vent mauvais d'une transcendance imposée qui la manipule et la domine.
Voltaire s'était dressé contre le fanatisme, cette hérésie de la non-pensée. Ce livre est dédié aux Voltaire du monde islamique, aux «rebelles d'Allah», qu'ils aient quinze ou soixante ans, qu'ils soient hommes ou femmes, quelle que soit la forme de résistance choisie. Il m'a semblé urgent d'évoquer quelques-uns de leurs parcours, à l'heure où l'on tente de nous faire prendre, en France, l'abrutissement religieux, du voile à la prière de rue, de la non-mixité aux diktats alimentaires, pour un droit républicain.
Les tragédies recensées ici racontent l'éternelle histoire humaine : un jour, quelque part, quelqu'un se lève et dit non. C'est de ce non chuchoté en terre d'islam, dans la nuit et le danger, que nous devons être solidaires. Ce faisant, défendant ainsi le droit universel à la liberté de conscience, nous ne sommes pas plus «contre» l'islam que «contre» la météo !

Ce livre commence par l'histoire d'une jeune Tunisienne révolutionnaire. Trop révolutionnaire pour la révolution. La réflexion sur la liberté et le courage doit beaucoup à Amina Sboui. Nos promoteurs de voile islamique à la française l'auraient probablement jetée dans le même bûcher que celui qui se préparait pour elle à Tunis, quand son jeune féminisme a éclaté de rage et de beauté.
4 juillet 2013, tribunal de Sousse. Elle a arraché le safsari blanc sale, ce voile dont la tradition tunisienne affuble les femmes traduites en justice, et elle a levé le poing avec un demi-sourire, étrange mélange de timidité enfantine et d'extrême audace. Amina Sboui, dix-huit ans, comparaissait une nouvelle fois devant ses juges. Devant le mâle tribunal, la jeune fille est coupable de tout, même de l'air qu'elle respire. De procès en procès, les charges inventées contre elle s'accumulent. Quel crime a-t-elle donc commis ? Qui a-t-elle blessé ou volé ? Pourquoi, dans l'air raréfié de la salle d'audience, comme devant les grilles où gronde la foule, sent-on une haine si lourde, si grasse contre la frêle accusée ? L'addiction des masses à la malédiction fuse dans un geyser d'insultes :
- Fouettez-la !
- Lapidez-la !
- À mort !
Ils jurent de la défigurer à l'acide.
C'est qu'ils haïssent la vie, ce torrent ample et libre.
Et Amina est la liberté.






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EAN
9782809813777
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