Reconnaître les meubles de style

Faveton Pierre

CHARLES MASSIN







Extrait

Extrait de l'introduction L'histoire du meuble suit l'Histoire, tout court. Elle en est aussi, en quelque sorte, le reflet... Et pourtant... Curieusement, les arts décoratifs sont longtemps apparus comme un art de second ordre, souvent traités comme un parent pauvre des Beaux-Arts, bien qu'en en faisant partie, alors que peinture et sculpture, plus prestigieuses, en occupaient le premier plan. Peut-être était-ce dû à leur mode d'élaboration, les arts décoratifs faisant appel au talent et à l'habileté des artisans, alors que peinture et sculpture jouissaient de l'aura mystérieuse de leur origine artistique. Pourtant, au même titre que tous les arts, les arts décoratifs n'en sont pas moins révélateurs de leur époque, ils en sont à la fois avatar et moteur et font partie à part entière du patrimoine. Pour l'apprécier, ce patrimoine, il nous faut le connaître et le reconnaître. En repérer le style, l'époque, les caractéristiques, pour mieux en saisir l'intérêt, le charme ou la grandeur. Du Moyen Âge à nos jours, l'histoire des meubles a suivi un long cheminement, plus ou moins linéaire, reflétant tout aussi bien les goûts, les besoins, l'art de vivre d'une époque, que son strict savoir-faire. L'histoire du mobilier est liée à la main qui le fabrique, aux techniques et à la structure même des métiers dévoués à son élaboration. Si le triumvirat «designer, éditeur et industrie» définit aujourd'hui en grande partie la création et la production du mobilier, dans un contexte désormais mondialiste, il n'en a pas toujours été ainsi... loin de là. Les débuts du mobilier en France sont plus modestes, voire largement méconnus. Des tous premiers meubles en France que reste-t-il ? Pas grand-chose; peu, très peu d'exemples et quelques documents. Hormis le trône dit «de Dagobert», siège en bronze du haut Moyen Âge - hérité des sièges curules de l'Antiquité -conservé aujourd'hui à la Bibliothèque de France, le meuble meublant le plus ancien connu de nos jours en France est l'armoire de l'abbatiale d'Aubazine, en Corrèze, qui daterait de la fin du XIIe siècle. C'est un meuble solide, massif, rigide - voire raide - un peu fruste et composé d'une façade plane, faite de pièces de chêne jointives et de portes qui affleurent - découpées en plein cintre -le tout maintenu par des pentures de fer forgé. Des arcatures en applique soutenues par des colonnes apparaissent sur les côtés. Nous sommes encore à l'époque romane, le rapport avec l'architecture est ici évident. En ces temps reculés, il n'y avait pas de corps de métier juridiquement constitué, spécifiquement voué à la fabrication du mobilier, tes charpentiers s'en chargent, tes choses changeront ensuite, le mobilier se développant alors que le système corporatif se généralisera. En 1382, un édit du Parlement divise la corporation des charpentiers en deux sections : celle de «grande cognée» et celle de «petite cognée», tes charpentiers proprement dits faisaient partie de la première section, les fabricants de meubles, les huchiers, étant regroupés dans la seconde. Mais dès cette époque, il fallut y adjoindre d'autres corporations, en particulier celle des «tailleurs d'images», autrement dit les sculpteurs sur bois, qui ornaient le meuble, puis celle des ferronniers qui en fabriquaient les pentures. En 1467, Louis XI délivre aux huchiers des lettres patentes dans lesquelles il est stipulé que chaque maître doit apposer sur ses ouvrages une marque distinctive. Ce sera l'estampille. Dès lors, le système des corporations régit l'ensemble du système et perdurera. Au fur et à mesure que l'art du mobilier progressera, les artisans intervenant dans la fabrication des meubles augmenteront, s'éparpillant bientôt en une multitude de corporations, chacune gardant jalousement ses prérogatives. Menuisiers, tourneurs, ébénistes, sculpteurs, layetiers (on a longtemps nommé les tiroirs «layettes»), bronziers, doreurs, peintres, marbriers... tous oeuvrent dans leur propre secteur, sévèrement cloisonné, tes conflits d'intérêt opposant les corporations entre elles sont fréquents et les procès nombreux.



25,90 €
En rupture de stock
EAN
9782707208781
Découvrez également sur ce thème nos catégories Arts , Soldes , Sciences humaines , Santé , Promotions , Papeterie , Littérature , Langues et Scolaire , Jeux-Jouets , BD-Manga , Bons cadeaux Internet , Chèques cadeaux , Emballages , Frais de port , Histoire - Actu - Eco , Jeunesse , Entreprise - Droit - Economie , Loisirs et nature , Sciences , Voyage , Histoire - Actu , Occasions dans la section Livres