Rouen, primatiale de Normandie. La grâce d'une cathédrale
La cathédrale des origines
IVe-XIe siècles
JACQUES LE MAHO
De l'époque gallo-romaine aux alentours de l'An mil, des basiliques paléochrétiennes à la cathédrale romane, le croisement des sources écrites et des données de fouilles archéologiques révèle les maintes transformations de l'ensemble épiscopal. Au début du IXe siècle, il forme une véritable cité religieuse au coeur de la ville, regroupant maisons et jardins des chanoines, bâtiments communs du chapitre, collégiale Saint-Etienne, atrium ouvrant sur la chapelle du baptistère, cathédrale Notre-Dame et palais épiscopal.
Avant la construction de la cathédrale romane, ancêtre de l'édifice actuel, plusieurs églises épiscopales se sont succédé. La plus ancienne fait son entrée dans l'Histoire dès la fin de la période romaine, à travers la célèbre homélie de saint Victrice, évêque de Rouen, évoquant peu avant l'an 400 la construction d'une basilique au coeur de la cité. Par la suite, aucun texte n'a conservé le témoignage d'une activité architecturale jusqu'aux alentours de l'An mil, date à laquelle le chanoine Dudon de Saint-Quentin, historien officiel de la dynastie normande, mentionne les importants travaux réalisés à Notre-Dame de Rouen par le duc Richard Ier (942-996).
Durant les six siècles qui séparent ces deux textes, il est néanmoins certain que la cathédrale et ses dépendances ont connu maintes transformations. C'est ce dont rendent compte les fouilles archéologiques qui ont été menées de 1986 à 1990 à l'intérieur de la cour d'Albane, entre la nef de Notre-Dame et la rue Saint-Romain, puis, de 1990 à 1993, dans l'emprise de la «cour des Maçons», au côté sud de la cathédrale.
L'ÉPOQUE GALLO-ROMAINE
Le quartier antique avant la fondation de la première cathédrale (IIIe-IVe siècles)
Dans l'Antiquité, les terrains aujourd'hui occupés par la cathédrale et ses dépendances présentaient une pente assez forte en direction de la Seine. Aux IIe et IIIe siècles après Jésus-Christ, ils étaient occupés par un quartier d'habitation constitué de maisons de pierre, de bois et de torchis installées sur une succession de terrasses. Dans la cour d'Albane, on a identifié deux maisons installées dans l'angle formé par une rue nord-sud passant à l'emplacement de la tour Saint-Romain de la cathédrale et par une rue est-ouest passant le long du massif de fondation des chapelles du collatéral nord. La maison nord, celle ayant fait l'objet des dégagements les plus importants, s'organisait autour d'une cour dallée à péristyle, ornée en son centre d'un petit bassin alimenté en eau par une conduite de bois et de plomb reliée au réseau public. Un puits doté d'une margelle de pierre à décor de feuilles d'eau s'ouvrait dans un coin de la cour. Entre les colonnes du péristyle s'élevait un muret de maçonnerie, aménagé en banquette sur toute la longueur du côté sud. Tout autour se répartissait une série de pièces de différentes dimensions. L'une, dans l'aile sud, était dotée d'un système de chauffage par hypocauste, tandis que les autres pièces comportaient des planchers sur lambourdes ou de simples sols de terre battue. La maison avait une entrée sur la rue nord-sud, la porte s'ouvrant sur un corridor placé dans l'axe de la cour intérieure. La destination des pièces du côté rue, de part et d'autre de ce couloir d'entrée - pièces d'habitation, locaux de service ou à usage commercial? - est difficile à préciser. Dans le secteur de la cour des Maçons, on n'a fait qu'entrevoir le plan d'un bâtiment de pierre, d'axe est-ouest. Son orientation diffère de celle de l'ensemble des édifices gallo-romains précédemment reconnus à l'ouest de la tour de Beurre, changement sans doute imputable au passage, à l'emplacement de cette tour, d'une voie nord-sud prolongeant celle repérée plus au nord sous la tour Saint-Romain.
L'ensemble du quartier fut détruit par un incendie aux environs des années 260-280. À l'édifice de la cour des Maçons succéda une construction de bois sur solins, reprenant une partie seulement des tracés antérieurs. Peu après furent élevés sur les sites de la cour d'Albane et de la cour des Maçons de vastes complexes de bâtiments de pierre et de bois, avec cours intérieures et ruelles d'accès empierrées. Dans le courant du ive siècle, ces bâtiments firent l'objet de nombreux réaménagements. Les claires-voies furent obturées par des cloisons de bois et d'argile, on ajouta des murs de refend sur sablières, maintenus par des poteaux plantés. Côté cour d'Albane, on continuait à utiliser le puits d'une des maisons détruites par l'incendie de la fin du IIIe siècle. Il se trouvait sous un appentis, au fond d'une cour où commençait à se former un dépôt de terres noires, sédiment caractéristique des villes de la fin de l'Antiquité.
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| EAN | 9782716507929 |
|---|---|
| Titre | Rouen, primatiale de Normandie. La grâce d'une cathédrale |
| Auteur | Descubes Jean-Charles |
| Editeur | LA NUEE BLEUE |
| Largeur | 273mm |
| Poids | 4030gr |
| Date de parution | 17/07/2013 |
| Nombre de pages | 511 |
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