Crépuscule et solitude

"La maison était pleine de bouddhas souriants, de chinoiseries rares, de meubles en palissandre, de bibliothèques en copie de chippendale bourrées de livres aussi rares qu'inutiles maintenant, de bibelots collectionnés lors des garnisons au Tchad et à Madagascar. Elle échut à un nègre anglais unijambiste, Charley, affecté à la turbine à sucre de Jayrol et qui vivait avec une bonne femme assez âgée pour être sa mère. Elle répondait au prénom rare de Mélaine. Et la maison, bateau ivre, commença sa descente aux Enfers, petit à petit dégarnie de ses meubles fracassés et non réparés, avec des sourires en pièce de bouddhas chus de leur piédestal sur une jonchée de pages du de Viris illustribus roulées en boule avec le Nouvelliste de la Guadeloupe." Mais la maison, symbole du déclin d'une famille, résistera aux tempêtes et, grâce à Willy l'obscur et à Da Louise, la femme au coeur simple, l'avenir de ceux qui viendront habiter à Cabou ou qui emporteront la Guadeloupe, au loin, dans leur coeur, s'annoncera plus souriant, plus rayonnant.