Le guide du parfum pour elle et lui

Veuillet-Gallot Rebecca

HORS COLLECTION

Extrait de l'introduction

La parfumerie moderne, telle que nous la connaissons aujourd'hui, remonte à la fin du XIXe siècle. À ce titre, le premier parfum moderne toujours commercialisé demeure Jicky de Guerlain, créé par Aimé Guerlain en 1889. L'essor de l'industrie chimique a permis de synthétiser ou de créer de nouveaux produits. De même, le procédé d'extraction des matières premières par les solvants volatils a permis l'obtention des concrètes et des résinoïdes qui donnent les absolues.

«Un bon parfum, c'est celui que l'on a envie de sentir encore et encore», nous dit la créatrice Jeannine Mongin. Plus qu'une senteur, c'est de l'émotion en flacon. «Un parfum, affirme Jean-Paul Guerlain, est la forme la plus intense du souvenir.» En effet, le moindre sillage d'une fragrance connue, celle d'un être cher ou d'un lieu aimé, nous promène sur les ailes du souvenir, tourné vers notre passé, les narines palpitantes et le coeur en émoi.

Le parfum peut sublimer une personnalité. Il faut se laisser guider par son seul odorat. La publicité ne devrait être d'aucune influence quand il s'agit d'habiller son corps et de s'y sentir bien! Il nous appartient exclusivement de raconter un parfum et d'inventer la vie qui va avec.

Bien sûr, certains parfums anciens racontent encore des histoires fabuleuses, celles de la Belle Époque, des Années folles ou du New Look; ils peuvent sembler plus poétiques et plus originaux que la plupart des nouveautés «mainstream» actuelles, souvent de simples «sent-bon» qui se ressemblent tous ou, pire encore, qui ne sentent rien! Le grand parfumeur Jacques Guerlain (1874-1963) disait déjà à ce propos: «Les bons parfums ne sont pas nouveaux et les nouveaux, pas bons!»

À cette époque, il n'y avait pas (ou moins) de compromis sur la création, seules la qualité et l'originalité comptaient. Bien sûr, ces parfums contenaient déjà des matières de synthèse, éléments indispensables à leur création, mais elles apportaient ce petit plus indispensable que la nature ne donnait pas. Aujourd'hui, hélas, elles se font très, trop envahissantes. Notons toutefois à ce propos que la production actuelle est tellement importante, avec des lancements massifs et internationaux, que les matières premières naturelles n'y suffiraient plus. À titre d'exemple, un parfum néoclassique comme Trésor repose sur quatre produits de synthèse purs (hédione, galaxolide, méthylionone et iso E super) qui représentent à eux seuls 80 % de la formule. Cela laisse songeur!

Le déclin de la parfumerie s'est amorcé vers 1985-1990. Pourquoi? Coût de production oblige, le marketing occupe désormais une place prépondérante dans le lancement d'un parfum. Tout doit être calculé pour prendre le moins de risques possible, quitte à faire du déjà senti. On préfère mettre l'accent sur la publicité (lancements extravagants, pubs télé et presse à outrance) qui coûte cher, plus que sur le parfum lui-même! Autrefois, c'était un artisanat; aujourd'hui, il s'agit d'une véritable industrie, qui produit non plus des parfums mais de l'argent. Il faut faire de l'argent et rapidement. Time is money! C'est pourquoi les bons parfums se font rares depuis une quinzaine d'années. L'intérêt est donc de savoir découvrir les quelques joyaux qui fleurissent encore parmi la médiocre production actuelle. Il est vrai que la beauté change (de même que les habitudes de consommation), à l'instar des critères de beauté féminine, et il serait peut-être dommage d'en dédaigner certains sous prétexte qu'ils possèdent cette beauté neuve. Bien que majoritairement synthétiques dans leur composition, des parfums tels que Angel, 24, Faubourg, Lolita Lempicka, Flower, Sensuous, Hypnotic Poison me semblent mériter bien des hommages.

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EAN
9782258103580
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