Jeanne de France. Première épouse de Louis XII

L'EXILÉ DE GENAPPEEN 1440, au lendemain de la Praguerie, Louis, l'héritier de la Couronne, se console mal d'avoir à s'incliner devant son père Charles VII. En lui accordant une vague pension et l'administration du Dauphiné qui, de toute façon, lui revient de droit, le roi montre qu'il lui pardonne tout juste sa soumission. Il le soupçonne d'ailleurs de continuer à soutenir la cause des princes rebelles, de vouloir fomenter des troubles de palais et faire assassiner son confident, Pierre de Brézé. Les rumeurs colportées sur son compte excitent la mauvaise conduite du dauphin, que la mort de sa femme, Marguerite d'Ecosse, au mois d'août 1445, ne fait qu'aggraver. Il cherche à faire éclater sa rancoeur contre Agnès Sorel. Il lui reproche de bafouer sa mère, Marie d'Anjou, dont elle prend la place, ne supporte plus sa liberté de moeurs, l'accuse de pervertir le roi son amant. Un jour de 1446, il finit même par la menacer de son épée et la gifle publiquement. Dans le même temps, il veut faire dissoudre la garde écossaise, qu'il déteste, et s'emparer du château de Razilly. Il fait part de ses projets à un ancien capitaine des Écorcheurs, son ami Antoine de Chabannes, qui dénonce le complot. Charles VII, lassé de ses frasques, l'envoie en exil dans le Dauphiné pour quatre mois. Louis va en fait y demeurer près de dix ans. À Grenoble, il fait preuve de grandes capacités politiques, assumant le gouvernement de la province, qui n'est alors pas rattachée au royaume de France. Il réorganise l'administration, fonde une université à Valence, encourage l'agriculture et le commerce par diverses mesures fiscales, soumet les grands féodaux à son autorité, met une armée sur pied.