L'Outrage du plaisir
Description :
? Claudine Helft expérimente dans L?Outrage au plaisir une nouvelle voie, laquelle glisse de la prose poétique au poème en prose.
? Elle y ose des vérités dérangeantes : ses rendez-vous galants (et secrets), son plaisir de femme libre, sa jouissance.
? D?amour en humour, dans « l?invention du vivre », Claudine Helft salue les gaîtés de la vieillesse en outrageant le plaisir.
Extrait :
ACQUIESCEMENT
Il est une éternité des cendres
dans l??il bleu de la liberté,
une léthargie du temps
au large de vivre, l?acquiescement
à l?excellence qui s?impose
et qui crève l?aloès de la nuit,
Juste la marge entre l?arbre
et la pelle qui bêche la terre.
UN CONTINENT
Une grande misère de vert et de blanc
où rêve de s?endormir le temps.
Un continent vaste, sorti de nulle part,
où les sapins seuls parlent à la neige
comme un ancêtre à son enfant petit.
L?homme se sent inutile au chemin
mais il persévère dans son silence, par respect,
heureux devant cette porte qu?il n?ouvrira
jamais.
Besoin physique de serrer dans mes bras des êtres de chair et de sang, de retrouver le simple goût d?être à la vie.
Le Petit Prince, un peu moins Prince, à peine moins beau, mais Prince toujours m?a donné deux heures très belles à Bagatelle, « notre lieu » depuis seize ans.
« Très belles » : expression qui ne signifie rien. Des heures où la beauté des fleurs et la simplicité des sentiments rendaient sous la pluie soudain tombée dans une tasse de thé, radieuses. Plutôt qu?une amitié amoureuse, je parlerais à son sujet d?un amour-amitié. Une sorte de fleur rare à cultiver ! De loin en loin, hors toute sphère.
MAIS
Où est cette énorme joie de vivre qui venait du bonheur des corps satisfaits et de la paix de l?esprit ?
La satisfaction, suffisante pour un temps. La paix n?est pas le bonheur, mais une certaine forme de sagesse. Je me sens de plus en plus proche de ceux qu?ennuie le quotidien ; mais ils sont voués à une errance perpétuelle de lieux et de sentiments !
Les mots ne suffisent pas. Au contraire ! Au long cortège de pensées, manquent les sensations : le corps ne suit plus et l?âme ne suffit pas. Je suis comme assommée sous mes mots, par mes mots et les livres, je n?avance pas? et c?est mon corps, mon corps qui réclame le soleil de l?âme, la chaleur, la violence des vagues, l?erreur passagère et nécessaire des sens. À toi, corps et âme, mon impossible chemin : nos pensées sont toujours banales mais comptent la rédaction de celles-ci, la force de l?expression qui, elle, est unique.
Il n?est pas de salut sur les grands matins clairs où les arbres encore verts chantaient l?éternité de la feuille : les amours ont disparu, porteuses d?avenir, dans la royauté de l?instant.
Souvenirs de la femme encore trop jeune : parfois lui vient la pensée de ce film étrange et beau, sans désespoir, porteur de fatalité, mais plutôt signe de choix, de liberté : la tradition dans un pays lointain de neige et de froid était qu?une femme se juge à la qualité de ses dents ; les trop vieux mourant pour que la famille trop pauvre n?ait pas une bouche de plus à nourrir : mais voilà la vieille mère a des dents désespérément saines ; alors c?est elle qui, un jour, demande à son fils de l?aider à mourir (de faim !) là-haut dans la glace splendide des hauteurs enneigées.
VU À L?HÔPITAL
une femme vieillie fripée dans sa dignité
soudain assise bien droite pour ne pas mourir
aussi. Droite pour que les tuyaux qui l?enchaînent
à la vie ne lui échappent pas, ne l?entraînent pas
hors de cette chambre étroite à l?odeur moite
vers un espoir où s?entrouvrent rouges, des tulipes.
| EAN | 9782381460123 |
|---|---|
| Titre | L'Outrage du plaisir |
| Auteur | Helft Claudine |
| Editeur | OBSIDIANE |
| Largeur | 145mm |
| Poids | 136gr |
| Date de parution | 05/01/2022 |
| Nombre de pages | 80 |
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