L'apprenti

Cette longue confession d'un garçon d'hôtel onaniste pousse jusqu'à l'extrême limite un parti pris de lucidité, qui devient (à tort ou à raison) parti pris du sordide, et un parti pris de sobriété et de réalisme, qui conduit à la destruction de tout langage proprement littéraire au profit du langage même de la vie. Aucun livre plus que ce procès-verbal minutieux qui fait apparaître gestes et sentiments dans la perspective de la conscience qui les vit en même temps qu'il les fixe avec l'indifférence d'un entomologiste, comme s'il s'agissait de curieux insectes et non des gestes humains les plus torturants, ne nous impose cette dépersonnalisation qui est celle de l'homme moderne, assistant à lui-même comme aux faits et gestes d'un être de race inconnue.