Le monothéisme peut-il être humaniste ?

Berthelot Katell

FAYARD







Extrait



Extrait de l'introduction :

La réflexion contemporaine sur humanisme et monothéisme donne lieu à des exagérations regrettables. Les religions monothéistes du bassin méditerranéen - judaïsme, christianisme et islam - sont accusées d'engendrer intolérance et violence, voire de produire de l'obscurantisme, des conflits armés et de la souffrance. En un mot, ces religions seraient des antihumanismes. Cette représentation du religieux n'est pas dénuée de fondement historique, mais relève malgré tout de la simplification. À l'inverse, et probablement en réaction à ces accusations, ces trois religions tendent aujourd'hui à se présenter comme des humanismes. De nombreux juifs et chrétiens mettent notamment en avant les racines judéo-chrétiennes de l'humanisme européen. Mais ce discours ne résiste pas non plus à un examen historique critique. À l'opposé de ces deux extrêmes - diabolisation ou apologie -, on analysera ici les rapports qu'entretiennent éthique humaniste et religion monothéiste durant la période du premier développement de cette éthique dans la sphère culturelle occidentale. Il s'agit de l'époque hellénistique et du début de l'époque romaine, soit de la fin du IVe siècle avant notre ère à la fin du 11e siècle de notre ère environ. À partir de l'étude de textes anciens souvent méconnus, on sera amené à réfléchir aux conditions d'éclosion d'une éthique humaniste en contexte monothéiste et à ses caractéristiques.
Le terme «humaniste» est employé ici pour caractériser une pensée où l'appartenance à l'espèce humaine suffit à prescrire le respect et la solidarité vis-à-vis de tout homme. Même si le mot «humanisme» n'apparaît que tardivement dans les langues européennes, il tire ses origines d'idées qui émergent dans le monde gréco-romain dès l'époque hellénistique, avec l'école d'Aristote et le stoïcisme. On raconte ainsi qu'Aristote fut critiqué pour avoir fait l'aumône à un homme considéré comme un bon à rien. Le philosophe aurait alors répondu : «Ce n'est pas de sa conduite, mais de l'homme que j'ai eu pitié.»



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EAN
9782213622170
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