Djamilia

Djamilia était vraiment très belle. Elancée, bien faite avec des cheveux raides tombant droit, de lourdes nattes drues, elle tortillait habilement son foulard blanc, le faisant descendre sur le front un rien de biais, et cela lui allait fort bien et mettait joliment en valeur la peau bronzée de son visage lisse. Quand Djamilia riait, ses yeux d'un noir tirant sur le bleu, en forme d'amande, s'allumaient... Et j'étais jaloux d'elle, comme les jeunes frères sont jaloux de leurs soeurs... Seït, treize ans à peine, éprouve pour Djamilia, sa belle-soeur, la femme de son frère parti pour la guerre, une vive affection. Un peu plus, peut-être. Ensemble ils font les foins, portent des volailles au marché kolkhozien, s'occupent à toutes sortes de tâches agricoles car il faut bien remplacer les hommes absents. Un jour arrive Daniiar, un soldat qui se remet d'une grave blessure. Entre Djamilia et lui, c'est vite l'amour fou, l'amour passion, un amour interdit, bien sûr - mais qui va, l'enfant le devine, le pressent, tout bouleverser sur son passage. Au coeur du Kirghiztan, dans ces plaines de l'Asie centrale balayées par le vent, que vont décider les amants ?