Les jouets

Steiner Michel

GALLIMARD

Aimable Urbain est un enfant de l'assistance publique. Il mène une vie robotique de vendeur dans une société de fournitures de bureau tout en étant le souffre-douleur de ses patrons, de leurs petits chefs et de ses clients. Un jour, Aimable rencontre un mystérieux vieillard fortuné, Léon Lilienthal, qui lui propose de venir travailler avec lui. Aimable n'en croit pas ses oreilles. Petit à petit, le vieux dévoile son jeu : comme au théâtre, il s'agit de jouer un rôle dans la vie réelle. Le but du vieillard est en effet de punir les bourreaux. Ses prochaines victimes vont être les bourreaux d'Aimable. Léon l'intronise No2 de son entreprise tentaculaire. Pour le public, Aimable est maintenant William Lilienthal, fils du grand patron. Il emménage dans son hôtel particulier et fait la connaissance de Louise, une femme d'une quarantaine d'années qui lui est présentée comme la fille de Léon. Aimable suit des cours de yoga et de rhétorique dans le but de manier l'art de la persuasion, de la transformation de soi à travers la parole. La docilité et l'innocence d'Aimable en font très rapidement un élève très doué. Durant cette phase de formation, Aimable dévoile également à Léon le don qu'il a de pouvoir jouer aux échecs sans regarder l'échiquier et d'exécuter les variantes qu'il apprises par coeur depuis son enfance. L'heure de la vengeance a sonné. Il est temps pour Aimable de jouer son rôle. Face à ses anciens patrons, il apparaît comme un requin blanc des affaires. Subjugués par la prestance du jeune homme et la confiance qu'il feint de leur témoigner, ces derniers passent du rôle de maîtres à celui de sujets et tombent complètement dans les affres de la manipulation. Mais pour Aimable, la situation dégénère : il tombe amoureux fou de Louise au point d'en faire une véritable obsession, se pose de plus en plus de questions sur les conséquences de ses actes et est de plus en plus hanté par les échecs. Alors que la représentation est finie, que ses anciens "maîtres" tombent dans les abysses de la société, Aimable est interné. Il se réfugie dans un monde clos, abstrait, où le machiavélisme n'a pas de prise. Pendant ce temps, Léon et son conseil d'administration (des peines), se réunissent afin de trouver de nouvelles victimes à punir... Derrière le récit étrange qui flirte avec l'au-delà, Les jouets est une brillante et cinglante critique de notre société du travail. Comme le montre l'auteur, la violence de notre société du travail est plus qu'une violence physique naissant d'une confrontation : larvée, elle détruit l'image que nous avons de nous-mêmes et prône l'idéologie du gagnant, de l'homme sans scrupule, prêt à tout pour doubler ses objectifs. L'homme de bureau décrit par Michel Steiner est un narcisse qui se complaît dans l'image déformée que lui renvoie la société à laquelle il participe, une image sans fond qui dépend totalement de ses supérieurs. Si elle se brise, s'il n'y a plus rien derrière, l'identité vole en éclats.

16,25 €
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EAN
9782070762323
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