MADE IN CHINA - VIVRE AVEC LES OUVRIERES CHINOISES
Extrait de l'introduction
Je ne sais pas comment j'ai survécu, mais je suis la seule qui reste vivante. Toutes les femmes de mon village sont mortes dans l'incendie. Je n'arrive toujours pas à croire à cette chance que j'ai eue d'échapper aux portes des enfers...
Une survivante à l'incendie d'une usine en Chine
Le 19 novembre 1993, un incendie a ravagé une usine de Shenzen gérée par un sous-traitant de Hong Kong d'un fabricant européen de jouets, marque très connue sur les marchés américain et européen. Plus de quatre-vingts ouvriers ont été tués, tous sauf deux d'entre eux étant des femmes. Cinquante autres ont été grièvement brûlés et vingt autres blessés. La tragédie a choqué la société chinoise, de même que la communauté internationale, comme si c'était le premier traumatisme infligé par le capital mondial dans la Chine de l'époque des réformes et comme si les médias avaient soudainement pris conscience et reconnu les coûts considérables supportés par les travailleurs migrants de la campagne pour prix d'un développement économique rapide. Cependant, le rêve de la modernité dans la société chinoise - la très grande confiance accordée aux forces du capital et du marché, en particulier après les promesses illusoires de l'État et du Parti communiste chinois - est marqué de manière permanente par les incendies d'usines, qui s'alimentent d'espoirs et de désirs, mais aussi des conséquences funestes du développement postsocialiste où les sacrifices des gens ordinaires et des classes subalternes sont considérés comme un élément indispensable pour le développement. Par chance, j'ai pu rencontrer Xiaoming qui, seule de toutes les ouvrières migrantes de son village, avait survécu à l'incendie de l'usine. Ce furent Xiaoming la survivante et l'incendie qui a causé l'effondrement du bâtiment de l'usine mais n'a jamais brisé les rêves des jeunes dagongmei chinoises, les filles ouvrières migrantes, qui m'ont conduite à écrire ce livre. Je ne sais toujours pas avec certitude si ce sont ces survivantes qui se nourrissaient de rêves et de désirs ou l'incendie et ces morts qui m'ont incitée à l'entreprendre.
En rassemblant les éléments de cette violence sociale inéluctable faite à la vie des femmes, j'ai entamé un long parcours à la recherche d'un sujet-ouvrier chinois qui se situe dans la trajectoire de l'intégration du système socialiste étatique chinois au capitalisme mondial. J'ai également souhaité exprimer un genre mineur possible de résistance sociale dans la Chine contemporaine, pays qui se transforme rapidement en «atelier du monde» pour la production mondiale, en fournissant aux investisseurs d'énormes quantités de main-d'oeuvre bon marché et d'abondantes ressources naturelles. L'histoire de vie de Xiaoming fait immédiatement venir à l'esprit l'incendie, la souffrance et la mémoire, attirant l'attention sur un traumatisme marquant et sur la résistance sociale qui traverse la vie des dagongmei en cette période de restructuration de la société chinoise.
| EAN | 9782815905794 |
|---|---|
| Titre | MADE IN CHINA - VIVRE AVEC LES OUVRIERES CHINOISES |
| Auteur | NGAI PUN |
| Editeur | DE L AUBE |
| Largeur | 143mm |
| Poids | 404gr |
| Date de parution | 06/09/2012 |
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