Un Jardin pour les Nuls

Extrait de l'introduction

«Être jardinier, c'est être comme le bon Dieu, c'est donner vie et beauté avec de la terre, de l'eau et des graines.»
(Jean Chalon, journaliste et écrivain)

Si l'on fait fi du trop improbable jardin d'Éden et de ses promesses de délices infinis pour toute l'humanité, le jardin a développé sa longue histoire en manifestant d'abord les «signes extérieurs de richesse» des seigneurs. Territoires réservés à l'usage exclusif des puissants et de leur cour, les jardins étaient des lieux d'agrément où s'exprimaient les plaisirs sous toutes leurs formes: intellectuels, artistiques et surtout libertins.

De son côté le commun des mortels, le plébéien, l'indigent, le prolétaire, tentait de survivre en cultivant un jardin vivrier qui lui fournissait les légumes de son maigre potage. Ce jardin est devenu le potager, qui, depuis ces dernières années connaît une vogue tout à fait méritée. C'est un aspect formidable du jardin que nous n'aborderons pas dans ce livre; il fait l'objet d'un titre spécifique dans la collection: Un potager pour les Nuls.

Ce nouveau livre, que je viens d'avoir l'honneur et l'avantage de rédiger pour vous, est destiné à un usage plus épicurien. Il traduit un nouvel art de vivre avec des accents de modernité. Transformé en espace d'activité où chaque membre de la famille peut s'exprimer, le jardin contemporain privilégie l'extérieur comme lieu de détente, de convivialité et de contact avec la nature. Du jardin des seigneurs, il a conservé l'expression artistique et la notion de plaisir. Mais cette dernière prend désormais une connotation beaucoup plus large. Bien que le concept ait été créé dans les années 1990 par le célèbre paysagiste Gilles Clément, le jardin du XXIe siècle est et sera celui où s'expriment les cinq sens. C'est pour cela que nous lui attribuons ici le qualificatif d'agrément: la satisfaction personnelle sans réelle fin utilitaire.

Le jardin d'agrément que je vous propose de concevoir au fil des pages est un espace de liberté, un lieu où les sensibilités de chacun peuvent et doivent s'exprimer. C'est un monde à votre image car chaque jardin, quelle que soit sa superficie, façonne un territoire unique exprimant la personnalité secrète de celui qui l'a créé.

Le jardin d'aujourd'hui a perdu de son lustre sans faire de concession à la beauté. Il n'est plus un tableau vivant que l'on admire sans y toucher, mais un petit coin de nature apprivoisée, un lieu participatif où il fait bon vivre car il nous offre des «plus-values» sociales, environnementales, culturelles et familiales.

«Un jardin matérialise le contact de l'homme et de la nature, où le juste équilibre entre le petit monde intérieur et l'immensité du monde extérieur, recrée l'harmonie et parvient à la sérénité.» (Roberto Burle Marx, paysagiste brésilien)