Le fracas du monde. Journal de l'année 2001

Après Jean-François Revel, Edgar Morin, Philippe Sollers, c'est au tour d'Alain Minc de se prêter au jeu du Journal de l'année écoulée. Exercice un peu formel mais dont se tire avec brio le chantre de la "mondialisation heureuse", grâce à l'étendue de ses centres d'intérêt et l'exceptionnelle actualité qui a marqué l'année 2001.
Évidemment, ce journal est dominé par les attentats du 11 septembre. Du coup, c'est son analyse des événements qui retient l'attention : selon lui, le monde occidental va ressembler à une société à l'israélienne, hyper-démocratique vivant dans un cadre sécuritaire contraignant. Pour le reste, à l'instar de la réputation de son auteur, ce journal irrite, agace, titille... en tout cas, il ne laisse pas indifférent  Pêle-mêle, on y croise des acteurs du monde économique et politique qu'il respecte ou admire ? Jorge Semprun, Simon Nora, Dominique Strauss-Kahn, Laurent Fabius, Dominique de Villepin, BHL, Alain Juppé, Bernard Kouchner, VGE, Elie Barnavi ? mais aussi quelques têtes de Turc ? Lionel Jospin, Martine Aubry, François Mitterrand, Pierre Bourdieu, les écologistes. Le fil rouge de son journal ? Plus que des règlements de compte, des objets de fascination. En vrac, Tony Blair, l'Espagne post-franquiste, New York, le monde de la finance, The Economist, Le Monde, Internet, la société française actuelle, Georges Pompidou, Stendhal, Kafka, Madrid, François Furet ou la construction européenne.
Au fil des pages se dessine ainsi en creux le portrait d'un homme qui se projette dans ses modèles. Sans amertume ni regrets, mais avec une pointe d'envie. Et s'il n'évite pas toujours la complaisance, Alain Minc peut se targuer de qualités peu communes dans le microcosme parisien : l'honnêteté, la franchise et l'aveu de son admiration envers certains de ses contemporains. --Yves Fraillont