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Blitz et autres histoires

Kreitman Esther ; Levy Paule-Henriette ; Rozier Gi

POINTS





Extrait



Extrait de la préface Paule-Henriette Levy

I do not know of a single woman in Yiddish literature who wrote better than she did.
«Je ne connais aucune femme de lettres yiddish qui n'écrivit mieux qu'elle ne le fit.»
Isaac Bashevis Singer

Chez les Singer, Isaac Bashevis et Israël Joshua n'étaient pas les seuls à écrire : leur soeur aînée Esther Hinde fut la première à le faire, ouvrant ainsi la voie à la lignée des écrivains de la famille. Elle écrira dans la plus grande discrétion. En effet, pour une femme née en Pologne à la fin du XIXe siècle, dans une famille juive de rabbins hassidiques, il est impensable d'étudier, de se cultiver et moins encore d'avoir de l'ambition, fût-elle ou non littéraire. Une femme n'a pas de destin, mais une destinée fixée d'avance : mari, enfants, maison à tenir, repas à faire et dévotions. Le seul espoir dans cet horizon clos pour celles qui, comme Esther - elles ne furent pas une majorité -, aspirent à une autre vie : que l'époux choisi par le père ne soit pas trop mauvais pour que le quotidien ne se transforme pas en enfer. Il faut du cran ou de la folie pour braver cette société qui vit fermée sur elle-même, corsetée dans ses règles. Esther Hinde aura les deux : elle écrivit, envers et contre tous, sans l'aide de personne, se levant la nuit, adolescente, pour apprendre en cachette dans les livres de ses frères, passion du mot chevillée au corps.
Elle écrivit en yiddish, racontant la première, avant Israël, avant Isaac, le petit monde juif, aujourd'hui disparu, du shtetl où elle grandit. Cet univers singulier et attachant, elle le décrira avec son regard, son ressenti de femme, ce qui constitue un témoignage unique. Plus tard, installée dans l'East End londonien, elle poursuivra sa route et continuera d'écrire sa vie, à travers des personnages singuliers, chaleureux, drôles, émouvants, usant d'un genre, la «short story», qui fera la gloire de son petit frère, Isaac, futur Prix Nobel de littérature.
Parfaitement bilingue, Esther signa les traductions en yiddish d'oeuvres de Dickens, Carroll et Shaw, mais elle ne perça pas et son audience auprès du public restera limitée. Épileptique, hantée dans son enfance par les démons qu'agitaient ses parents pour la persuader d'un Dieu juste et d'une vie après la mort, très vite elle sera considérée comme «folle», ce qui terminera d'étouffer sa carrière. A bien y regarder, elle avait tout contre elle : sa condition de femme, son milieu, son époque, sa «folie» et, plus tard, la renommée de ses frères. Malgré ses handicaps, Esther Singer Kreitman, en totale néophyte, inventa donc l'écriture, la structure narrative, l'intensité dramatique.
Elle s'inventa écrivaine et mourut sans savoir qu'un jour elle serait, elle aussi, au sein de la famille Singer, reconnue comme telle.
--Ce texte fait référence à l'édition






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EAN
9782757844663
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