Le déni de l'excès. Homogénéisation sociale et oubli des personnes

Gisel Pierre - Ullern Isabelle

HERMANN







Extrait



Extrait de l'introduction d'Isabelle Ullern

1. NOTRE PROPOS, EN CONTEXTE
L'aventure intellectuelle de la sécularisation est, entre autres foyers déterminants, passée par la transformation des rapports modernes entre théologie et philosophie (rapports culturels et politiques, de fait et de droit, rapports dans la détermination de la réflexivité et de la connaissance, etc.). Elle y passe encore, pour autant que cette aventure intellectuelle et sa signification possible importent plus que l'analyse historico-critique de la sécularisation (de la religion, de la foi, etc.) comme telle, ou plus que la problématisation en soi de ces fameux rapports.
Les pages qui suivent sont issues de plusieurs années de dialogue, en travail, à propos de la signification de la vie intellectuelle procédant d'une inscription assumée qui la précède (telle théologie ou telle philosophie). Elles en portent les strates, que nous n'avons pas tenté d'estomper artificiellement. C'eût été renier le chemin dialoguant lui-même.
Concernant la pensée protestante, qu'elle soit inscrite en théologie ou en philosophie, on peut dire que la sécularisation en détermine la vie intellectuelle. Les chapitres 1, de Bernard Hort, 3 et 5, de Pierre Gisel, l'attestent, demandant de quelle façon contemporaine elle se déploie désormais ; ce qui exige encore d'explorer à la fois l'inachèvement de la critique et son fort impact culturel en société. Au point de séculariser la théologie même.
Sans prétendre engager en son nom une discipline ni une tradition, une réponse résiste à cette configuration, y ayant ait choix de la philosophie et non de la théologie protestante, aussi «science-humaniste» soit-elle chez quelques-uns. Les chapitres 2 et 4, d'Isabelle Ullern, s'engagent dans une «difficile fidélité» à la pensée protestante sécularisée : difficile fidélité dès lors que ce n'est plus la «critique» de la «conviction», ni leur dialectique, ni la «trace biblique» qui sont privilégiées (nul recours herméneutique en ces pages), mais l'acceptation non religieuse d'un «excès» de l'humain, «excès» en soi-même, qui lui échappe tout en le performant. Il est donc impérieux d'en répondre, d'y répondre. La précédence éthique de l'intelligence et sa performativité en dépendent, une éthique qui détermine le politique ordinaire de nos vies, nos possibilités d'agir et de penser ensemble, jusqu'à mettre en question, et vivement, les conditions impensées de la réflexivité dans les formes actuelles de la vie intellectuelle.



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9782705680527
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