La librairie ferme à 17h les 24 et 31 décembre et sera ouverte le dimanche 21 décembre de 11h à 19h.

Couleurs de guerre. Autochromes 1914-1918 Reims & la Marne

Fleischer Alain ; Mönch Winfried ; Devos Emmanuell

PATRIMOINE

«C'est l'une des missions des Éditions du patrimoine que de faire connaître les richesses des grands fonds photographiques patrimoniaux. Art à part entière, et dont la part dans l'espace des arts ne cesse de s'accroître, la photographie voit tout naturellement, peu à peu, des pans entiers de sa production acquérir cette même valeur patrimoniale qu'on accorde par ailleurs et depuis longtemps aux monuments.
Ainsi de ces autochromes, premiers essais d'emblée étonnement maîtrisés de photographie en couleur. Celles choisies parmi les collections de plusieurs grandes institutions et reproduites dans ce livre donnent de la guerre de 1914-1918 une vision distanciée, dédramatisée, à partir de laquelle Alain Fleischer vient développer une pénétrante réflexion sur l'apport - ou a contrario l'effet édulcorant - de la couleur à la photo de guerre. »
Denis Picard, éditeur

Les étonnantes images que reproduit ce livre sont parmi les toutes premières photographies de guerre en couleurs, réalisées de part et d'autre du front, à Reims et en Champagne, grâce au procédé autochrome mis au point par les frères Lumière en 1904. Prises par Jules Gervais-Courtellemont, Fernand Cuville et Paul Castelnau côté français, Hans Hildebrand côté allemand, elles offrent une vision qui n'est pas celle du feu (les temps de pose ne le permettaient pas) mais celle, écrit Fleischer, de la guerre en tant qu'état : avant et après. Ces images sont aujourd'hui de précieux témoignages que quatre spécialistes de l'autochrome et des photographes considérés replacent dans le contexte de leur réalisation.
Ah ! Dieu que la guerre est jolie... On connaît le vers amer d'Apollinaire, le poète engagé volontaire pour aller au front, témoin dans les tranchées champenoises des horreurs d'une guerre qui, de 1914 à 1918, fera des millions de morts et de blessés. De cette tragédie rendent compte aussi de multiples photographies. La violence des assauts, leurs effrayants résultats, s'y inscrivent entre noir et blanc dans toutes ces nuances de gris qu'on accorde si aisément, culturellement, aux visions dramatiques, aux ciels menaçants, aux cités dévastées, aux terres labourées par les explosions d'obus.
Mais d'autres images existent, moins connues parce que moins montrées et reproduites, qui rendent à cette guerre ses couleurs. Des couleurs à la fraîcheur étonnement préservée, grâce au procédé autochrome mis au point par les frères Lumière, comme on peut en juger avec le choix présenté dans cet album. Ce choix se concentre géographiquement sur Reims et sa région : à la fois zone de combat très emblématique du conflit et terrain sur lequel travaillèrent, avec ce même procédé autochrome, aussi bien des photographes français qu'allemands. La vision qu'offrent de la première guerre mondiale ces premières photos de guerre en couleur est ainsi celle de Jules Gervais-Courtellemont (1863-1931), Fernand Cuville (1887-1927) et Paul Castelnau (1880-1944) d'un côté, de Hans Hildenbrand (1870-1957) de l'autre, grâce à la richesse des fonds conservés par l'Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense, les Archives photographiques de la Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, la cinémathèque Robert-Lynen et le musée Albert-Kahn.

Dans l'introduction qu'il donne à cet ouvrage, Alain Fleischer remet dans la perspective d'une encore jeune histoire de la photographie ces premiers pas de la couleur, en faisant remarquer qu'en matière de reportage de guerre l'usage du noir et blanc, qui simplifie et universalise, a perduré jusqu'à nos jours. Parée de toutes ses couleurs - ses vraies couleurs, directement rendues par le procédé autochrome et non rajoutées, comme on le faisait alors couramment pour des cartes postales, ou comme on le fait encore en colorisant de vieux films - la guerre nous apparaît ici quelque peu dédramatisée. De ces images, Alain Fleischer dit qu'elles sont par avance et au-delà du drame, des images de réparation, de réconciliation. Il y a en elles le sage recul d'un temps méditatif. C'est que si la couleur apporte d'elle-même une touche d'espoir, le procédé autochrome, avec un matériel lourd et des temps de pose longs, excluait le feu de l'action et imposait de regarder la guerre en tant qu'état : avant et après les actes : soldats au bivouac, ruines, scènes de la vie quotidienne plus posées, donc, que saisies, à l'arrière du front.
La guerre en couleur est-elle plus jolie ? Du moins ces images sont-elles très belles, et prennent-elles aujourd'hui pleinement valeur patrimoniale.
L'ouvrage présente successivement les oeuvres de Gervais-Courtellemont, Hildenbrand, puis Cuville et Castelnau (qui travaillaient ensemble), en apportant sur chacun des éléments biographiques, comme en précisant dans quelles conditions et quel esprit ils opérèrent.

Une exposition sur le même thème présente quelque 200 oeuvres de ces quatre photographes, au Palais du Tau à Reims, depuis le 31 janvier et jusqu'au 30 avril 2006.


19,00 €
En rupture de stock
EAN
9782858228799
Découvrez également sur ce thème nos catégories Appareils , Essais , Histoire de la photographie , Photographes , Traitement de l'image , Technique photo , Technique vidéo dans la section Photographie