Effusion et tourment, le récit des corps. Histoire du peuple au XVIIIe siècle
Ouvrir le nouveau livre d'Arlette Farge, s'en emparer, repérer d'instinct telle citation, tel extrait d'archive, c'est tomber sous l'évidence d'une fidélité. Bien sûr, celle-ci s'attache d'abord à un moment, à un sujet: le Paris populaire du XVIIIe siècle. Certes encore, elle renvoie également à un défi théorique, né dans le compagnonnage de Michel Foucault, et sans cesse relancé depuis maintenant trois décennies: exhumer l'histoire ordinaire des pauvres, leur rendre justice et dignité. Au coeur d'une telle fidélité, pourtant, on trouve moins une période de prédilection, ou même un geste militant, que cette certitude incarnée: explorer le destin du politique, c'est construire une histoire des corps, et les reconnaître un à un, en tant que le pouvoir les vise, les contrôle, les redoute aussi: "Le corps, son histoire et l'histoire ne font qu'un." Là est l'essentiel, pour Farge, et son dernier ouvrage s'y tient peut-être comme jamais...Chez Arlette Farge, le dépouillement des archives vaut à la fois récit de soi et rencontre avec l'altérité, confession intime et prise en charge des anciennes sensibilités. Ainsi l'écriture historienne porte-t-elle à sa plus vive incandescence cet acte rédempteur que Barthes avait nommé, naguère, la "résurrection lyrique des corps passés". (Jean Birnbaum - Le Monde du 30 mars 2007 )Que de choses dites, subies, faites, au nom du peuple alors que son idée, pour ne pas parler de sa réalité, n'a jamais été si évanescente qu'aujourd'hui. Et cette déperdition de sens n'est pas récente puisqu'elle a débuté au moment même où le peuple faisait son entrée tonitruante sur la scène de l'histoire, en 1789. Comme si l'événement révolutionnaire constituant le peuple en corps politique le contraignait en une sorte de camisole interprétative qui a fini par lui ôter jusqu'au souvenir de son existence historique singulière. Soudainement, l'inimaginable était devenu possible, et le possible, nécessaire. C'est le paradoxe qui aveugle ceux qui viennent après coup, notamment les historiens. Pour y échapper, Arlette Farge l'historienne qui s'est le plus attachée à l'étude des classes populaires avant qu'elles ne deviennent le Peuple s'est imposé une discipline particulière: travailler sur le XVIII e siècle en s'interdisant de penser qu'il déboucherait à terme dans la Révolution. C'était à ses yeux la seule méthode pour déjouer les pièges tendus par l'esprit fantomatique de l'histoire en marche et redonner leur étrange liberté, par-delà tous les déterminismes, à des individus en chair et en os si proches et pourtant si éloignés de nous. Aussi Effusion et tourment, le récit des corps. Histoire du peuple au XVIII e siècle vient-il prolonger les acquis d'ouvrages précédents et, s'appuyant sur des archives inédites, les porte à une nouvelle incandescence grâce à la magie d'une écriture sensuelle et comme aimantée par la corporéité même qu'elle entend restituer. (Jean-Baptiste Marongiu - Libération du 24 mai 2007 )
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EAN
9782738119254
Caractéristiques
| EAN | 9782738119254 |
|---|---|
| Titre | Effusion et tourment, le récit des corps. Histoire du peuple au XVIIIe siècle |
| Auteur | Farge Arlette |
| Editeur | JACOB |
| Largeur | 145mm |
| Poids | 334gr |
| Date de parution | 29/03/2007 |
| Nombre de pages | 248 |
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