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Ma bio dégradable. J'acte I

Dreyfus Jean-Claude ; Leconte Patrice

CHERCHE MIDI

- Scène 1 -

Le sale gosse

Bruit de jeu. Les jetons cliquent. Les faux jetons claquent et minaudent et les rejetons arrivent sur le tapis vert.

Je suis venu au monde un 18 février. À vrai dire, le 29 m'aurait bien plu. Je serais resté onze jours de plus, bien au chaud à l'abri du monde agressif qui m'attendait, je n'aurais pris qu'un an tous les quatre ans... Année bissextile oblige!
Signe zodiacal du Verseau, je suis comme une pierre qui emmagasine la chaleur puis la restitue. Je pratique une bonne hygiène de vie que j'ai ingérée en même temps que le lait de ma mère. Mes parents m'ont élevé dans le respect de la nature, de l'environnement, du bien public, et aussi des autres, de tout. Ils étaient écolos convaincus avant même que le mot existe et que des marchands de vent s'en emparent pour piquer du pognon à leurs gogos!
Les Verseau sont des gens modestes mais, malgré cela, il faut bien qu'ils défendent le fait qu'ils ont deux mille ans - vingt siècles si on préfère - d'avance sur tous les autres signes. Je suis d'ascendant Capricorne puisque je suis né à 2 h 05 mais j'ai déclaré 6 heures (un petit péché de moins de vingt-quatre heures, c'est pas grave!), ce qui me fait ascendant Scorpion. Enfin, 19 février, c'est Poissons. À quelques heures près, je l'étais. En somme, je suis à la frange et même à la frangipane de quatre signes, donc j'ai pris le meilleur de chacun.
Sur mon lieu de naissance, il y a deux versions, soit une «accoucherie» à Paris, près du parc Monceau, soit à Monte-Carlo, sur une table de jeu. Je suis mort avant que d'exister. La photo de mon cadavre a été prise.
Pour ce qui est des affaires de famille, mes parents se trouvent rue du Repos. Je ne me souviens pas du numéro. Ils n'ont plus le téléphone, mais on peut y aller directement et être sûr de les y trouver, ils ne sortent jamais.
Je fais partie d'une tribu «formidable» - comme ils disent à la télé - mais on ne va pas remonter jusqu'au premier Dreyfus, à poil avec son pagne en peau de zébu, son arc, ses flèches empoisonnées et son os dans les cheveux, qui, pour s'assurer qu'un jour je viendrais au monde, baisait sa copine sur une couche râpeuse et râpée, dans une grotte nauséabonde et enfumée!
Je ne parlerai que de mes ascendants proches qui sortaient un peu de l'ordinaire: mes deux grands-mères puis mes parents directs. Commençons par ma grand-mère paternelle. Elle s'appelait Daisy. Une alternative à Marguerite. C'était une femme extrêmement attachante qui barbouillait de la peinture sur des toiles. Extravagante dans ses toiles comme dans sa vie. J'ai rencontré des gens qui l'ont connue. Elle se faisait coiffer d'une manière incroyable, haute et rousse. Elle fut l'une des premières femmes à porter un pantalon. Elle ne reculait devant aucun voyage. Pour ne citer que deux pays parmi tant d'autres, la Chine et la Russie, où mon père, Danilo, est arrivé au monde, à Odessa.
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EAN
9782749125855
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