LETTRE D'UN AVOCAT A UNE AMIE INFIRMIERE 2E ED

DEVERS GILLES

LAMARRE EDITION

Lettre d'un avocat à une amie infirmière

«Tu fais un beau métier...» Combien de fois as-tu entendu cette phrase en forme de compliment, en ayant le sentiment d'entendre comme un écho: «Bon courage!» Si à coup sûr être infirmière est un beau métier, la référence au courage pèse un peu... Certes, il en faut, mais pour ce métier comme pour d'autres. Ce n'est pas un critère. Ce n'est pas ce qui nous attache à la pratique du soin.

Je ne fais pas l'économie de ce courage nécessaire, pas plus que je ne passe sous silence les difficultés bien connues de l'exercice professionnel infirmier: technicité, tension, confrontation avec la dureté sociale, approche de la souffrance et de la mort; mais aussi horaires, rareté du personnel, tension relationnelle: de tout cela, je n'ignore rien. Comme je n'ignore rien non plus de la nécessité de lutter sans relâche pour la reconnaissance des compétences professionnelles. Mais cela ne remet pas en cause l'essence de la profession: un métier scientifique et humaniste, préoccupé au plus haut point par le sort de la personne, intégrant les fruits du progrès scientifique.

Plus d'une fois, tu m'as fait part de ton agacement devant ce discours larmoyant et bienveillant, comme si les infirmières étaient toujours en situation de souffrance. Ce discours dépressif est insupportable, tu as bien raison. Il y a des difficultés, oui, mais sont-elles si spécifiques? C'est le lot de toutes les professions. La profession d'infirmière est dans le mouvement général, à ceci près qu'elle permet, du fait de son large champ d'activités, de remarquables évolutions: spécialisations, évolutions en changeant de service, passage de l'hôpital au libéral, enseignement, encadrement, médecine préventive, humanitaire... Alors, laissons tomber les clichés, et examinons la réalité en face, pour ce qu'elle est. Et tu as bien raison de m'interpeller sur ces questions de droit et de responsabilité.

Soin et droit

Le soin? C'est une terre de découverte dès lors que l'on a compris qu'être thérapeute, ce n'est pas donner des soins mais prendre soin de la personne. En cause, la qualité du lien social, qui s'exprime par l'attention portée à celui qui souffre, à celui qui dérive vers la marginalité, à celui qui ne guérira pas.

Avec le soin, on défend la vie... parce que c'est la vie. Un être vit... alors nous lui devons toute notre attention. Quand tu es de garde aux urgences, tu rencontres beaucoup de personnes. Même si la rencontre est brève, tu cherches à faire connaissance, car chaque personne est unique. Mais au fond, seule compte la demande d'une personne qui souffre, attend des soins et s'adresse à toi. Tu es là dans la parfaite égalité de droit. Quand tu travailles en psy, tu as devant toi une personne affaiblie, rongée par l'angoisse, mais toi, tu dois toujours être dans la relation. Ne lâche jamais! Le quotidien côtoie l'essentiel: des regards croisés de l'infirmière et du malade naît le plus précieux des rendez-vous. Tu deviens le gardien du droit: la dignité du malade, la souffrance, l'attachement à la vie, le rapport à la mort... la valeur du temps qui reste. Beaucoup de choses changent quand on a entendu la demande d'un malade, quand on a senti, palpable, la fragilité de l'existence, quand on a mesuré les immenses perspectives ouvertes par les progrès scientifiques, quand on a appris ce que signifie un jour de vie, quand on sait ce qu'est vivre malade ou handicapé. Quand on a vu se rouvrir des yeux que l'on croyait à tout jamais fermés.

(...)


15,00 €
Disponible sur commande
EAN
9782757306826
Découvrez également sur ce thème nos catégories Arts , Soldes , Sciences humaines , Santé , Promotions , Papeterie , Littérature , Langues et Scolaire , Jeux-Jouets , BD-Manga , Bons cadeaux Internet , Chèques cadeaux , Emballages , Frais de port , Histoire - Actu - Eco , Jeunesse , Entreprise - Droit - Economie , Loisirs et nature , Sciences , Voyage , Histoire - Actu , Occasions dans la section Livres