Critique N° 680-681 Janvier-Février 2004 : Frontières de l'anthropologie

Résumé :
L'anthropologie n'est plus ce qu'elle était. " Eux " non plus, les " Autres ", ne sont plus ce qu'ils étaient. Nous-mêmes, du reste, quand les médias ne parlent que mondialisation, mélange, métissage, ou communautarisme et " choc des cultures ", où sommes-nous : au centre, ou à la périphérie ? Chez nous, ou chez eux ? L'anthropologue est-il observé ou observateur ? Et qu'observe-t-il, en fait : des cultures, ou des situations ? Cherche-t-il à rendre compte d'une altérité sociale radicale, ou plutôt d'une série de différences dont il peut apprendre la logique, pour finalement les décrire ? Dans ce dernier cas, l'anthropologie se trouve à l'étroit à l'intérieur des frontières qui lui ont été fixées au XXe siècle. Elle les transgresse donc, qu'il s'agisse de ses frontières avec l'histoire, la sociologie, les sciences cognitives ou la médecine, voire la philosophie, qui au demeurant se définit parfois elle-même comme une anthropologie. Voilà ce que tendent à montrer les auteurs réunis dans ce numéro spécial, en explorant les marges de la discipline, dans les villages proches et lointains, mais aussi dans les prisons, les banlieues, les hôpitaux et les laboratoires, avec des moyens qui ne sont pas ceux que s'est donnés l'anthropologie traditionnelle, et en essayant de nouvelles formes d'expression. Avec comme seule ambition de décrire la diversité de l'humain et de mieux comprendre le monde, qui plus que jamais a besoin d'anthropologues.