Médicaments. La grande intox

Yang-Paya My-Kim ; Kanoun Sonia

STOCK

En préambule

«Les gens bien portants sont des malades qui s'ignorent.»
Jules Romains,
Knock ou le Triomphe de la médecine

En 1923, à peine installé à Saint-Maurice où il remplace le Dr Parpalaid, le Dr Knock instaure le principe de consultation gratuite et demande aux enseignants d'instruire les habitants du village en leur donnant des cours sur les microbes, les germes, les infections, les bactéries. Très vite, on se presse à la porte de son cabinet. Le succès de ces consultations gratuites est incroyable et la salle d'attente du Dr Knock ne désemplit pas. Malin, il se renseigne sur l'état des finances de sa clientèle afin de prescrire les traitements les plus onéreux aux patients les plus fortunés. Lorsqu'au bout de quelques mois, Knock reçoit la visite de Parpalaid, désormais installé à Lyon, celui-ci se montre impressionné par la réussite de son successeur. La force de conviction du Dr Knock est telle que, parvenant à induire l'idée d'une santé fragile chez son homologue, il finit par l'aliter! Incroyable. Et pourtant, un demi-siècle plus tard, le rêve de Knock allait inspirer un patron de laboratoire...
En 2006, Le Monde diplomatique retranscrit les propos confiés par Henry Gadsden, dirigeant des laboratoires Merck, au magazine Fortune en 1976: «Alors proche de la retraite, le très dynamique directeur de Merck, confia [...] son désespoir de voir le marché potentiel de sa société confiné aux seuls malades. Expliquant qu'il aurait préféré que Merck devienne une sorte de Wrigley, fabricant et distributeur de chewing-gums, Henry Gadsden déclara qu'il rêvait depuis longtemps de produire des médicaments destinés aux... bien-portants. Parce qu'alors Merck aurait la possibilité de "vendre à tout le monde".»
Et c'est bien cela, la réalité des firmes pharmaceutiques: vendre le plus de médicaments, au plus grand nombre, et à n'importe quel prix! Jules Romains était-il un visionnaire, la réalité aurait-elle fini par dépasser la fiction?
Le souci premier de l'industrie du médicament n'est manifestement pas de soigner nos maux mais de faire du profit à notre détriment. Les laboratoires pharmaceutiques utilisent tous les stratagèmes à leur disposition pour nous faire consommer. La publicité, par exemple, instille dans l'esprit du consommateur l'idée qu'il est souffrant, et donc le besoin de se procurer le produit miracle: «Des problèmes mineurs sont dépeints comme autant d'affections graves, de telle sorte que la timidité devient un "trouble d'anxiété sociale" et la tension prémenstruelle, une maladie mentale appelée "trouble dysphorique prémenstruel". Le simple fait d'être un sujet "à risque" susceptible de développer une pathologie devient une pathologie en soi.» «Quant à l'impuissance, elle porte désormais le nom savant de "dysfonction érectile"»... Aux États-Unis, une publicité des laboratoires GSK (GlaxoSmithKline), diffusée quelques semaines après les événements du 11 septembre 2001, illustre bien cette manipulation du consommateur: on apprend que des millions de personnes souffrent d'inquiétude chronique et présentent comme symptômes la fatigue, la tension musculaire, les soucis, les problèmes personnels... La solution: la consommation de Paxil - Deroxat en France -, un antidépresseur!

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EAN
9782234074064
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