LA JUSTICE A-T-ELLE BESOIN D'EDUCATEURS ? De l'ES à LA PJJ

Les événements actuels concernant les " sauvageons " des cités, les débats ainsi suscités au sein du gouvernement et les mesures annoncées pour faire face à la délinquance orientent le projecteur sur les principaux acteurs ?uvrant pour et avec les jeunes délinquants : à savoir les éducateurs de la Protection judiciaire de la jeunesse. Il nous a donc semblé opportun de réactualiser cet ouvrage qui leur est consacré, paru à l'occasion du cinquantenaire de l'ordonnance de 1945.
Si les promesses ministérielles sont tenues, un millier d'éducateurs devraient être recrutés rapidement, créant un appel d'air, une perfusion de sang neuf pour une institution anémiée qui compte, depuis 1983, les mêmes moyens en personnel. Cela souligne le paradoxe d'un Etat qui crie au secours devant le péril "jeunes délinquants" et qui en même temps sacrifie pendant douze ans l'administration chargée de prendre en charge la délinquance des mineurs.
L'afflux d'une masse d'éducateurs jeunes, s'il constitue une révolution pour cette petite administration, n'est pas une mince affaire, d'autant qu'il s'agira surtout d'éducatrices si les modes de recrutement actuels sont maintenus. L'éducateur Justice est aujourd'hui une fois sur deux une femme : qu'en sera-t-il après cette marée, ajoutée aux départs en retraite importants des classes d'âge entrées en profession entre 1960 et 1970, masculines à 80 % ? Comment l'administration gérera-t-elle cette situation ? De quelles transformations seront porteurs ces nouveaux professionnels de justice dans un ministère qui ne les aime guère et qui n'a jamais su leur reconnaître une place spécifique ?
La justice a-t-elle besoin d'éducateurs ? en proposant un regard sociologique sur l'évolution durant 50 ans d'un corps professionnel atypique, coincé entre les magistrats tout-puissants dans leur ministère et les acquis des éducateurs spécialisés, diplômés d'Etat, éclaire de manière pertinente l'évolution qui se prépare.