LA BATAILLE DES LIVRES

Si cette oeuvre majeure se situe en plein XVIIIème siècle (1726), Swift a commencé à écrire très tôt, dès sa prime jeunesse, à la sortie de l'université (odes, pamphlets,...), et les textes de cette période égalent en brio, en talent et en humour, ses oeuvres plus tardives. Publiée dès 1704, La Bataille des livres (dont le Discours sur les Anciens et les Modernes est un peu l'équivalent français) est un irrésistible chef d'oeuvre : la trouvaille de génie étant de faire intervenir les livres à la place de leurs auteurs, ce qui permet toutes les audaces de style. Les autres textes qui composent le présent recueil montrent bien que s'il s'impliqua beaucoup dans la vie politique, conseillant même les plus grands, Swift resta toujours un pasteur anglican, pour qui remplir son devoir d'Etat et de citoyen, vivre selon la raison - nous sommes au XVIIIème siècle - était primordial. Cette attitude se reflète bien dans les aphorismes que sont les Pensées sur divers sujets (1706). Cette double appartenance se poursuit jusqu'à la fin de sa vie lorsque, retiré en Irlande (et doyen de St Patrick), il se battit en "homme parmi les hommes" contre les injustices dont souffrait le peuple irlandais. Swift est aussi à l'origine d'une veine irlandaise qui se retrouve (dans la forme et dans le fond) chez Bernard Shaw, Beckett ou James Joyce, et ses écrits de jeunesse laissent plus que pressentir le fondateur de cette grande tradition.