La sexualité des personnes âgées

Manoukian Alexandre

LAMARRE EDITION

L'Antiquité

Cette période a développé un ars erotica (art érotique) qui sera mis en difficulté dans l'ère chrétienne, puis finalement concurrencé dans la période moderne (du XVIIIe au XXe siècle) par l'avènement d'une scientia sexualis (science de la sexualité) qui devait plus à la morale qu'à un véritable savoir.

Le monde préhellénique et hellénique

Dans le monde préhellénique:

«Les rapports entre Zeus et Héra sont le reflet de ceux qui existaient chez les barbares de l'âge dorien: les femmes avaient été dépossédées de tous leurs pouvoirs magiques... Elles étaient considérées uniquement comme une propriété.»

(Graves)

Bien que ou parce que Héra et Zeus se marient (ils sont frère et soeur), ils ne cessent de se quereller. Dionysos, enfant de Zeus né hors mariage, sera un des sujets de leur discorde. Il subira les assauts jaloux d'Héra mais, protégé (par son père?), il deviendra finalement un des douze grands dieux de l'Olympe. Historiquement, l'influence de Dionysos s'étendra dans les cités grecques et, au VIe siècle avant J.-C., les fêtes en son nom deviendront officielles. On lui doit l'invention du vin; il représente le printemps et le désir. Il semble aussi être assimilé à Deucalion qui reconstitua le genre humain suite au déluge dû à la colère de Zeus contre les hommes (à l'image de Noé). C'est dire son importance.
La langue grecque dispose de deux termes pour dire l'amour: Agapè et Éros. Le premier est basé sur les sentiments et les actions d'amitié, de charité, d'entraide; le second sur le désir charnel. La coexistence de ces vocables et de leurs actions respectives était pacifique et pouvait être vécue naturellement par une même personne sans que l'un exclût l'autre. Le monde hellénique a exploré tous les aspects physiques et psychologiques du désir sexuel. Si le mariage est monogamique, l'homme a cependant droit à une concubine. Les courtisanes (réservées au plaisir physique) sont respectées et très prisées. Bon nombre de vases, pots et plats domestiques sont décorés de scènes érotiques. Certaines représentent des hommes au crâne dégarni qui laisse présumer de leur âge.

Le monde romain

Le monde romain, avant la généralisation du christianisme, ignore le péché. À Pompéi, il y avait avant l'éruption du Vésuve trente-quatre maisons de plaisir. La plus célèbre était le Lupanar dont le nom est resté pour désigner un bordel.

Le monde romain fête la sexualité, l'amour, la fécondité sans hypocrisie. Il rend ainsi hommage à Vénus (les catégories), à Bacchus (les bacchanales), au phallus lui-même dans les cérémonies des phallophories. Ce monde est néanmoins très organisé et la sexualité, exempte du péché, obéit à un ordre social dans lequel domine le statut des partenaires: citoyen, affranchi ou esclave. Logiquement, l'objet des plaisirs est l'esclave (un devoir pour lui) ou encore l'affranchi (qui a un devoir moral de gratitude). Tout esclave est donc disponible. En revanche, les femmes mariées et les vierges sont protégées par la loi. Les relations entre époux sont officielles, légales et orientées sur la famille. Quant au plaisir physique, il n'a pas de limites morales dès l'instant où il est pris avec un esclave ou une prostituée. À cela s'ajoute une distinction pratique entre les rôles d'actif et de passif clairement distribués, comme c'était déjà le cas chez les Grecs. L'homosexualité féminine, tolérée par les Grecs, est désormais condamnée car elle signifierait qu'une des partenaires usurpe un rôle actif qui lui est interdit.


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EAN
9782757304808