Nous, les enfants de 1985. De la naissance à l'âge adulte
Parés contre le froid
Des mamans qui n'ont pas froid aux yeux
L'hiver qui précède notre naissance est rude, et s'avérera particulièrement glacial pendant tout le mois de janvier 1985. Dans la nuit du 6 au 7, une tempête de neige paralyse toute la moitié nord du pays. Dans le sud, les températures atteignent des records (-26,5 °C dans le Calvados) et la Côte d'Azur est ensevelie sous la neige. À cause des trottoirs gelés, certaines de nos mères, enceintes, redoutent la chute; la mienne, alors enceinte de plus de six mois, glisse et tombe. Grosse frayeur!
À l'époque, la péridurale n'est pas encore très répandue. On la propose aux femmes, mais sans leur garantir de pouvoir en bénéficier, peu de maternités étant dotées d'un anesthésiste rattaché. De plus, nombre de mères accouchent dans de petites cliniques, avec peu de moyens et de personnel - établissements qui ont depuis fermé leurs portes. Pour ne rien arranger, bien des idées fausses circulent sur les conséquences supposées de la péridurale, censée laisser paralysée ou fournir de violents et définitifs maux de tête.
Bref, ce n'est qu'au bout de dix heures de contractions douloureuses que je vois le jour. Beaucoup de nos parents découvrent le sexe de leur enfant lors de l'accouchement: les échographies sont encore faites avec parcimonie, et selon une technologie pas tout à fait au point. En revanche, l'heureux papa peut assister à l'accouchement, pratique qui se généralise enfin. Le lendemain, la famille se presse pour aller admirer les jolis Julien et Nicolas et les mignonnes Aurélie et Emilie, prénoms les plus fréquemment attribués en 1985.
Après l'effort, le réconfort. Les mères restent au moins cinq jours à la maternité. Elles passent le temps en lisant des magazines, dont l'un des principaux titres concerne le couple mythique formé par Christine Ockrent et Bernard Kouchner. Elle est surnommée «la reine Christine» du petit écran, lui «le French Doctor» aventurier, chez Médecins sans frontières puis chez Médecins du monde. Un duo fascinant, mais aussi controversé: leurs luxueuses vacances en Corse en 1985 feront couler beaucoup d'encre. Cette même année, la journaliste belge d'Antenne 2 reçoit le 7 d'or du meilleur présentateur de journal télévisé, édition qu'elle présente en alternance avec le jeune Patrick Poivre d'Arvor.
Leur congé maternité de seize semaines écoulé, les femmes reprennent leur travail de quarante heures hebdomadaires. Il n'existe aucun congé paternité. Et nous voilà confiés à une crèche ou à une nourrice bienveillante.
L'allaitement au sein maternel n'est pas aussi conseillé et valorisé qu'aujourd'hui. Le lait en poudre Blédina et les biberons en verre stérilisés grâce à des pastilles à base d'eau de javel font souvent l'affaire.
À propos de nourriture, c'est en septembre 1985 que l'irremplaçable Coluche pousse un coup de gueule sur les ondes d'Europe 1: «Quand il y a des excédents de nourriture et qu'on les détruit pour maintenir les prix sur le marché, on pourrait les récupérer et on essaiera de faire une grande cantine pour donner à manger à tous ceux qui ont faim.» La machine des Restos du Coeur est lancée. À peine trois mois plus tard, le premier restaurant ouvre ses portes et commence à distribuer des repas aux plus démunis. La «loi Coluche», qui sera votée trois ans plus tard, permet aux petits donateurs de bénéficier d'avantages fiscaux, encourageant ainsi la population à se montrer généreuse.
| EAN | 9783831325856 |
|---|---|
| Titre | Nous, les enfants de 1985. De la naissance à l'âge adulte |
| Auteur | Lamotte Anna |
| Editeur | WARTBERG |
| Largeur | 170mm |
| Poids | 257gr |
| Date de parution | 28/02/2013 |
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