Le double secret de Bigaroque

La Borie Guillemette de

PRESSES CITE

Avril 2000

«Après l'enterrement, vous me téléphonerez, je viendrai récupérer la clé de l'église! avait dit la vieille dame.
- Tout de même, je peux bien aller jusque chez vous la rapporter...»
C'est ainsi que le père Michel - les anciens l'appelaient encore «le jeune curé», malgré sa quarantaine bien avancée -, après avoir tourné la grosse clé forgée dans le pêne grinçant, engagea sa voiture sur la route de Sarlat, pour prendre le chemin menant à la chartreuse. Jamais encore il n'était allé chez cette madame Cantagreilh, qu'il saluait de temps à autre.
Quand le père Michel était arrivé dans ce coin du Périgord noir, pour découvrir un des quatorze clochers de campagne dont il prenait la charge, son prédécesseur, vieux et malade, fermait derrière lui pour toujours le presbytère de Bigaroque. Il avait accueilli avec sérénité son jeune remplaçant: «Pour cette église-là, au moins, pas de souci à vous faire. Margot Cantagreilh se charge de tout: ouvrir et fermer au moment des messes, dépoussiérer, fleurir l'autel...» De fait, toutes ces dernières années, jamais il n'avait entendu à Bigaroque de ces histoires qui dans les autres paroisses mangeaient tout son temps, fuites d'eau dans les toits ou querelles de préséance sur les bancs. De tout, tout! Madame Margot, comme on l'appelait ici, se chargeait de tout, en effet, ne demandait rien et ne récriminait jamais. Ne fût-ce que pour cela, la reconnaissance du père Michel lui était acquise, avec ses prières.

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EAN
9782258079212
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