La biodiversité, c'est maintenant
Extrait de l'introduction
Unité et diversité du vivant
Si les livres n'étaient pas plus hauts que larges, le terme «biodiversité» n'aurait peut-être pas atteint une telle notoriété. On raconte en effet que, lorsque l'entomologiste américain Edward O. Wilson a proposé en 1988 à son éditeur un ouvrage intitulé «Biological Diversity», ce dernier, souhaitant un titre sur une seule ligne, aurait proposé cette contraction en «Biodiversity» - terme entendu quelques années auparavant dans un colloque scientifique - qui a ensuite connu le succès que l'on sait.
Pourquoi ce néologisme? Le fait que la vie soit représentée par une grande diversité d'êtres qui sans cesse évoluent et génèrent une nouvelle diversité ne constitue-t-il pas une évidence aujourd'hui largement partagée et qu'une succession de naturalistes - Buffon, Cuvier, Lamarck, Linné, Darwin pour ne citer que les plus célèbres -ont progressivement, et non sans débats, construite et fait accepter? S'agit-il donc seulement de relancer l'intérêt pour des disciplines comme la systématique ou la paléontologie, autrefois florissantes mais que l'essor de nouvelles, en particulier la biologie cellulaire et moléculaire, a peu à peu reléguées au second plan?
En effet, les disciplines «moléculaires», nées dans les années 1960, n'ont pas apporté qu'une révolution technique, la possibilité d'étudier le vivant au niveau de ses molécules constitutives, protéines et acides nucléiques en particulier; elles ont promu un choix «conceptuel», celui de se focaliser sur l'unicité du vivant et ses propriétés communes, en considérant pour cela quelques espèces - qu'il s'agisse de la fameuse bactérie Escherichia coli, de la mouche du vinaigre ou de la souris - comme des «modèles», des illustrations particulièrement adaptées à l'étude de ces propriétés communes. Ce choix a incontestablement été fécond. Il a débouché notamment sur la mise en évidence de l'universalité du «code génétique», «dictionnaire» qui assure la traduction de l'ADN en protéines. Cette universalité, qui fait notamment qu'un gène d'une espèce produira la même protéine, qu'il soit dans des cellules de son espèce originelle ou dans celles d'une autre, n'était nullement prévisible et sa démonstration a constitué sans doute l'un des acquis majeurs de la biologie moléculaire. Elle a conduit en particulier à l'essor du «génie génétique», en permettant par exemple de faire fabriquer des protéines humaines comme l'insuline ou l'hormone de croissance par des bactéries ou de produire des plantes «transgéniques» pour l'agriculture.
Cependant, cette universalité des mécanismes fondamentaux du vivant, parfois généralisée de manière quelque peu dogmatique - on se rappellera l'adage du prix Nobel Jacques Monod, «Ce qui est vrai pour la bactérie l'est pour l'éléphant» -, a certainement contribué à amoindrir l'intérêt pour ce qui faisait que, à l'évidence, beaucoup de choses distinguaient un éléphant d'une bactérie. Autrement dit, pour échapper à la classification des sciences proposée au début du XXe siècle par le physicien anglais Lord Rutherford - «Toute science est physique ou alors, collection de timbres» -, la biologie ne devait-elle pas s'attacher à être, comme le proposait Lamarck, créateur du mot, une «physique du vivant», c'est-à-dire se concentrer sur la découverte des quelques lois fondamentales expliquant la multiplicité des structures et des processus de la vie?
| EAN | 9782815906944 |
|---|---|
| Titre | La biodiversité, c'est maintenant |
| Auteur | Chevassus-au-Louis Bernard |
| Editeur | DE L AUBE |
| Largeur | 125mm |
| Poids | 198gr |
| Date de parution | 17/01/2013 |
| Nombre de pages | 186 |
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