Tout à coup, le silence

Une jeune femme, attachée de presse d'acteurs, personnage superficiel, cynique, consciente que sa vie est vide, mais s'en arrangeant très bien, s'aperçoit, en sortant de chez son gynécologue (il lui a annoncé que, contrairement à son désir, elle n'était pas enceinte), que le temps s'est arrêté. Une mouche est restée en l'air. Tous les habitants de Paris sont bloqués dans la posture où ils ont été saisis. Ils ne sont pas morts. Ils sont figés.
Cet élément fantastique du roman sert de révélateur à la jeune femme. Seule dans la grande ville où tout s'offre à elle : l'argent des banques, les nourritures les plus chères, les vêtements, les grands hôtels etc., elle est comme une héroïne de conte dans la forêt enchantée. Tantôt terrorisée. Tantôt grisée. L'auteur, qui a énormément d'invention, tire de la situation des effets surprenants, parfois extrêmement drôles. Pas un instant, la satire du monde contemporain à laquelle il se livre ne devient pesante. La fantaisie est renforcée par le fait que l'héroïne, au départ inculte et privée de sensibilité artistique, devient passionnée de poésie. Le livre est parsemé de citations poétiques qui lui donne une résonance très séduisante.
Au moment où le lecteur pourrait se lasser de l'héroïne, elle rencontre une autre «vivante». L'histoire devient beaucoup plus dramatique : amour entre les deux femmes, arrivée d'un bébé, jalousie, enlèvement, meurtre. Mais le climat de fantaisie perdure. Les événements, pour inattendus qu'ils soient, ne brisent pas la tonalité du roman. Ils le mettent dans une perspective nouvelle.
Le roman est à la fois très facile à lire et très étrange. Il possède une grande capacité de distraction sur le moment et reste en mémoire.