Belleville Blues

Belleville Blues c'est une flânerie nostalgique relevée d'une pointe de gouaille faubourienne. Coincé entre le Télégraphe, le canal Saint-Martin, la rue de Bagnolet et le canal de l'Ourcq, Belleville ronronne dans les années 1930 du bruit des ateliers au fond des cours, du souffle des machines à vapeur des trains de la Petite Ceinture.S'y côtoient ouvriers parisiens, Italiens, Arméniens, juifs polonais, tunisiens, métallos, dans des baraques défraîchies, des taudis, des bistrots. Le petit Joseph nous livre des fragments de cette enfance bellevilloise, repaire des petits malfrats, des filles paumées, au milieu des sans racine, des sans le sou. On survit grâce à l'entraide entre voisins proches, tous immigrés, tricoteurs bonnetiers, tanneurs, vendeurs de tapis ambulants. On s'amuse aussi. Le sport, le cirque, le cinéma, ou le bal populaire donnent à Belleville des airs de village.Derrière la voix de l'auteur, on entend les accents immigrés, populaires, nostalgiques d'une colline insolite, un hybride du passé greffé sur notre époque, qui malgré les apparences n'a pas totalement disparu. «Si vous voulez visiter Belleville, non en touriste mais en Parisien curieux, marchez, marchez, marchez, au hasard, attiré par le guingois d'un vieux balcon, par une percée sur une ruelle à pavillons, par des rails du chemin de fer de ceinture désaffecté, par une gare incongrue, ou encore par une volée d'escaliers insolite dans cette campagne mal urbanisée. Il en reste encore.»