Banques & économistes face à la crise
Extrait de l'introduction d'Ahmed Silem, Université Jean Moulin (Lyon 3), Centre MagellanUne activité sans bornes,de quelque nature qu'elle soit,finit toujours parfaire banqueroute.Johann Wolfgang von Goethe, Maximes et réflexions(1833), trad. Sigismond Sklower, Paris, Brockhaus etAvenarius, 1842, première partie, p. 3Hyman Minsky a-t-il lu Goethe? La question peut être posée, car le surendettement des États et des particuliers, le laxisme des banques et «l'exubérance irrationnelle des marchés financiers» qui débouchent, sans que l'on puisse en prévoir la date, sur la contraction inéluctable, sont une parfaite illustration de sa maxime dans la sphère de l'économie. Dans ce domaine, il en résulte, comme cela s'est produit avec la crise de 2007, des opérations d'assainissement drastique accompagnées d'un ralentissement de l'économie dans la plupart des pays de l'OCDE. Tout cela n'est que la suite logique de l'endettement de la période de l'apparente tranquillité destinée à soutenir l'activité réelle atone après l'éclatement de la bulle Internet en 2000-2001. Et c'est dans ce «paradoxe de la tranquillité» que l'on voit les banques prendre la figure d'un Janus de l'économie. Difficile, en effet, d'imaginer un développement économique ou une reprise de l'expansion sans elles - et on peut alors comprendre les actions de sauvetage entreprises partout. Difficile aussi de les dissocier des pires déséquilibres, quasi périodiques, des pays développés depuis la banqueroute de la banque de John Law en 1720. Indispensables au financement de la croissance et du développement, agents aussi, entretenant l'illusion de la richesse en favorisant la déconnexion entre valeur nominale et valeur réelle des actifs, les banques sont apparues, au cours de cette longue histoire, soit comme une variable causale essentielle des crises, soit comme un facteur permissif, et les banques dites «éthiques» ou du tiers secteur n'ont pas été les dernières à suivre les tendances du marché.Avec la déréglementation, les crises financières se sont accélérées ces vingt dernières années, sans toujours se ressembler, mais en gardant quelques traits communs, dont la procyclicité n'est pas le caractère le moins systématique: accompagnant l'expansion générale de l'économie, dans la logique d'une monnaie endogène, les banques cherchent à se faire rembourser dans les phases de contraction, qui sont aussi celles de la contraction du crédit, ce qui aboutit à la chute de la valeur des actifs qu'elles ont en contrepartie et fait alors apparaître un endettement dont la conséquence ultime est le dépôt de bilan. Mais, par son ampleur, par son caractère mondial, par sa durée, par ses boucles de rétroaction positives sur les banques, par les réactions qu'elle a suscitées en vue d'instaurer une éventuelle gouvernance mondiale par la substitution du G20 au G8, la crise de 2007 comporte des spécificités qui appellent un approfondissement analytique. Celles-ci feront l'objet des quatre premières contributions.
28,00 €
En rupture de stock
EAN
9782804163181
Caractéristiques
| EAN | 9782804163181 |
|---|---|
| Titre | Banques & économistes face à la crise |
| Auteur | Ben Hammouda Hakim ; Berthaud Pierre ; Sandretto R |
| Editeur | DE BOECK SUP |
| Largeur | 160mm |
| Poids | 319gr |
| Date de parution | 07/12/2010 |
| Nombre de pages | 188 |
| Emprunter ce livre | Vente uniquement |










