Les flics sont-ils devenus incompétents ?

Vénère Philippe

MAX MILO

Dans les années 60, gardien de la paix, il est affecté à la surveillance des détenus. Il raconte la cuisine interne, les détentions faites à la tête du client. En 1971, nommé commissaire de police, il dispose désormais du pouvoir de placer en garde-à-vue. Il subit les foudres de ses confrères en plaçant en détention des gardiens de la paix qui ont violé une prostituée, et en soutenant un enseignant accusé à tort d'attouchements sur enfant, qui fit une congestion cérébrale sous le choc de 7 heures d'interrogatoire. En 1974, à la police judiciaire, il s'adresse à du « plus gros gibier » et les enjeux sont considérables, la peine de mort étant encore d'usage. Il fait face au premier réseau pédophile en France (18 mois d'enquête, 200 arrestations). Son adjoint, suite au visionage des sévices filmés, tente d'étrangler un détenu. En 11 ans, le nombre de garde à vue est passé de 150 000 à 950 000 avec pourtant moins d'affaires judiciaires suivies. Pour Philippe Vénère, l'usage abusif des gardes à vue s'explique notamment par les économies financières effectuées par les pouvoirs publics. Initialement, les officiers de police judiciaire, seuls à pouvoir placer en garde-à-vue, obtenaient ce statut sur concours avec une licence de droit minimum. Depuis 1978, le niveau bac suffit. Pourquoi payer un capitaine quand on peut payer un lieutenant? Cette banalisation de la garde à vue tend à la décrédibiliser mais surtout induit le passage d'un régime démocratique à l'Etat totalitaire. Les officiers qui en usent comme moyen de vengeance des affronts subis sur le terrain sont pléthores. Et les gardes à vue sans intérêt judiciaire réel se multiplient. L'auteur propose par ailleurs un cahier pratique. Ainsi, la fouille, souvent dénoncée, est une mesure de prévention pour le policier. Responsable de son détenu et subira la correctionnelle en cas de tentative de suicide. Il donne aussi la parole aux différents acteurs de la garde à vue: avocats, magistrats, caïds, et revient sur les conditions de détentions françaises, indécentes comparées aux autres pays européens. Les chicanes de budget entre les Ministères de l'intérieur et de la Justice empêchent toute amélioration.Concluant sur les réformes souhaitables de la garde à vue, il propose de mettre son expertise àdisposition des pouvoirs publics pour changer la donne et restreindre les actes de police judiciaireaux spécialistes.

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EAN
9782353410958
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