Lecture du "Protagoras" de Platon

Morvan Thomas

L'HARMATTAN

La méthode proposée ici pour lire le Protagoras part d'une idée simple. Celle que le Socrate de Platon met en pratique et qui entre dans la définition de l'éros philosophique : voir l'aporie comme une ressource, voir l'impasse avant le passage. Suivant cette idée, Platon pose des questions à son lecteur, ou il les lui laisse à poser, face à des apories ; ce qui revient à tenir de telles questions pour de premiers pas — vers une issue. Il s'ensuit par méthode que le questionnement doit progresser là où des indices sont déposés à cet effet. L'expliquent les contraintes propres à un enseignement de la philosophie (Lettre VII) et les critiques que cela fait porter sur l'écrit (Phèdre). Platon invente la philosophie comme une discipline intellectuelle vouée à l'examen des problèmes, à l'épreuve des apories ; il invente (ou réinvente) à cet effet le dialogue, au sens où Schleiermacher et Koyré le font entendre, une écriture destinée à imposer la lecture comme exercice philosophique : le dialogue ne dispense pas d'enseignement sans d'abord donner une épreuve. Au lecteur de s'instruire de son travail sur le texte. Cette méthode part donc du souci de refaire le compte des multiples apories qu'un écrit de Platon peut présenter, et elle veut se donner les moyens de les traverser intégralement, dans l'idée que l'écriture ne laisse rien au hasard ou la fantaisie. Ni Schleiermacher ni Koyré n'accordent d'importance ou même d'intérêt au mythe dans le Protagoras ; au moins aura-t-on aidé à en voir la centralité. Le renversement final n'est pas la seule chose à expliquer entre Prométhée et Epiméthée, l'évolution toute entière du jeu entre Socrate et Protagoras y est impliquée et s'en trouve éclairée.
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EAN
9782343223858
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