Proust et les Juifs

Vieuille Marie-Françoise

L'HARMATTAN

La peinture des Juifs occupe une place considérable dans la Recherche du Temps perdu. Ce qu'elle révèle d'ambigu, de blessé et d'inavoué montre qu'une souffrance identitaire, liée à ses origines maternelles, existait dans l'âme de Proust. Il ne s'en est libéré que par une création sporadique et détournée. Si Swann incarne la grandeur du peuple juif, Bloch en exprime la misère et le Narrateur, qui ressemble tant à l'auteur, n'a pas d'ascendance israélite. Une étroite parenté relie la souffrance juive à la souffrance homosexuelle. La représentation des Juifs chez Proust procède d'un rejet partiel et d'une condamnation implicite de deux réalités impossibles à assumer tout à fait socialement et qui n'ont été complètement acceptées que dans un univers littéraire. Un traitement à la fois secret, dispersé et souvent violent de la double marginalité dit beaucoup plus qu'un besoin de se préserver ou de se justifier. Il renvoie chez Proust à cette transposition constante qui fait de la plus personnelle des oeuvres un monde où la subjectivité, à force de se refléter dans d'innombrables regards, semble absente. Et ce qui pouvait apparaître comme une dérobade, voire une démission assure l'avènement du chef-d'oeuvre et de sa stupéfiante audace.
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EAN
9782343114996
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