A vous de jouer ! Enquête tragi-comique sur les jeux-concours

« Gagnez un séjour de rêve aux Seychelles ». « Gagnez 2000 euros de shopping en compagnie de Valérie Lemercier. » « Gagnez dix chalumeaux Bigaz oxypack Pro II ». Chaque année, plus de 10 000, peut-être 20 000 jeux-concours sont organisés en France. Les entreprises engloutissent des dizaines de millions d'euros pour les créer. Et des millions de Français y participent. Ils sont partout, dans les journaux, les magasins, sur les stands ou Internet. Ils sont gratuits, sans obligation d'achat. Donc accessibles à tous. Ils sont parfois sophistiqués, souvent débilitants, il vous demandent juste vos coordonnées, le nom d'un tableau de Botticelli ou quelles sont les vertus de l'eau minérale Saint-Amant (un apport en calcium suffisant pour préserver son capital osseux). Ils vous rapportent une Citroen C3 Bic ou un coffret de 4 fourchettes collector Viande Chevaline. C'est ainsi que nous, Anne et Marine Rambach, gagnâmes un jour un tour du monde en envoyant une carte postale à Sony. Et un tablier de cuisine Van Houten. Ils représentent le triomphe du monde des Choses. Un monde où tout est « de rêve » sauf les rêves eux-mêmes. Un monde de gagne-petits où l'on s'acharne à décrocher un puzzle Winnie ou une paire de tongs. Un monde désopilant où des grands-mères gagnent un entraînement de cosmonaute ukrainien. Où un éboueur de Limoges embarque dans un jet privé avec les Destiny's Child. Un monde où on gagne une semaine au ski... sans ski. Ce fut notre cas. (Par bonheur, nous gagnâmes une luge la veille du départ.) Les jeux-concours propulsent des gagnants inattendus dans des mondes où ils n'auraient rien à faire. Mais les jeux-concours ne rapportent pas qu'à la piétaille. Ils rapportent beaucoup aux organisateurs, aux agences de marketing qui les conseillent et... aux huissiers. Ce sont de véritables guerres de position qui font rage aujourd'hui dans le nouvel eldorado des marques : Internet. C'est là dans le secret des beats et des bandes passantes que des sociétés tentent de transformer les joueurs en « prospects » et les prospects en clients. Directinet, leader dans le conseil en e-marketing, détient un fichier de plus d'un million d'e-mails et profils acquis grâce à ses sites de jeu. Les jeux-concours, c'est aussi ça : un dispositif supplémentaire dans la gestion de ce grand cheptel soumis et bêlant : nous. Ce livre est à la fois la chronique comique des joueurs occasionnels ou fanatiques, leurs aventures dans le monde des gros et des petits lots, une enquête rigoureuse sur les coulisses des jeux, un manuel du bon joueur.