Longue marche Tome 2 : Vers Samarcande . A pied de la Méditerranée jusqu'en Chine par la route de la
Le lecteur avait laissé l'auteur plus mort que vif, terrassé par un empoisonnement, à quelques kilomètres de la frontière turco-iranienne. Guéri, il reprend son chemin à l'endroit précis où, quelques mois plus tôt, il avait piqué du nez dans la poussière. Nous sommes cette fois au printemps de l'an 2000, et les nuages menaçants qui avaient assombri la fin de la dernière étape ne sont plus qu'un mauvais souvenir. C'est d'abord comme en rêve que notre pèlerin franchit les passes du Kurdistan iranien, longe les hauts plateaux du Khamseh, atteint Téhéran. Les Iraniens sont l'hospitalité même et, l'évolution politique sanctionnée par les dernières élections aidant, ne demandent qu'à faire fête à l'étrange étranger qui, sac au dos, va de village en village. A Téhéran toutefois les mines s'allongent quand le voyageur annonce son intention de gagner Samarcande par l'ancienne piste : celle qui traverse le désert turkmène. Il s'est renseigné. L'hiver, le vent glacial des steppes, la neige sur les hauteurs rendent la progression difficile ; l'été, à condition de ne pas cheminer au milieu du jour et de faire ample provision d'eau, l'affaire doit être possible. Il cherche donc les services d'un chamelier qui lui fera escorte avec une bête de bât chargée d'outres. Mais tous se récusent, la main sur le coeur, le verbe fleuri aux lèvres : « Honorable étranger, aucune créature de Dieu ne se hasarde au désert à cette saison, sauf à vouloir trouver la mort - ce qui est un désir impie. - Même les chameaux ? - Même les chameaux, si aucun chamelier ne les accompagne. Et tu ne trouveras pas un chamelier dans tout l'Iran qui soit assez fou pour se risquer dans cet enfer. - Alors je serai ce chamelier : j'achèterai une bête, et j'irai seul. - Mais personne ne voudra te céder cette bête : ce serait la vouer à la mort, et toi avec. Que n'attends-tu l'automne, où la fraîcheur revient, et où tu seras moins seul sur la piste ? - Si j'attends l'automne pour partir, jamais je ne serai à Samarcande avant les grands froids. C'est absolument exclu. - Alors reste ici, dans l'ombre du bazar, où nous nous ferons un plaisir de rafraîchir ton corps et ton âme. Tiens, goûte-moi un peu de ce sorbet au melon, il te fera oublier ta folie voyageuse... » Il faut croire que la folie voyageuse a plus de force et de séductions encore que le sorbet au melon, car le candidat au désert s'entête. Le bazar n'est pas là que pour fournir des rafraîchissements. Il y achète un vélo d'enfant, le désosse, et réussit à le transformer en un petit chariot capable de supporter l'indispensable provision d'eau... Ceux qui le voient faire lèvent les yeux au ciel, implorent l'aide d'Ali et des saints martyrs. Rien n'y fait. L'intraitable Roumi reprend la route attelé à sa carriole miniature... et traversera de la sorte deux mille kilomètres de désert, de point d'eau en point d'eau, dormant à l'heure du cagnard, marchant de préférence à l'aube ou au crépuscule, la nuit s'il le faut... et éclusant scrupuleusement ses douze litres à chaque étape. Jusqu'à ce que se décident enfin à apparaître, à l'horizon volontiers encombré de mirages, les coupoles bleues de Samarcande ! A ceux qui pourraient s'étonner, Bernard Ollivier répond par avance en s'excusant presque : « Autant j'ai souffert lors de la traversée de l'Anatolie, autant j'ai eu plaisir à traverser ce désert. Ma seule angoisse, en mettant mes notes au net chaque soir : ne pas avoir assez d'aventures à consigner dans mon livre ! » Qu'on se rassure. Même au désert - où vivent encore quelques populations nomades ou semi-nomades - on fait des rencontres. Et les lecteurs savent déjà tout ce que Bernard Ollivier sait faire surgir d'une rencontre. Marchands en quête du prochain caravansérail, aubergistes à l'hospitalité famélique ou fastueuse, voleurs pleins de ruses et de bagout, bergers au parler énigmatique, hommes de Dieu voyageant pour accomplir un voeu, policiers amis de l'ordre et des petits profits (ils ne sont pas les derniers à chercher à vous délester d'un appareil de photo, d'un passeport, d'un portefeuille...) : tous se partagent les rôles d'une comédie humaine qui, à l'heure de l'internet, semble prolonger celle des Mille et Une Nuits. « Décidément, j'aime l'Iran, et d'abord les Iraniens. Ils excellent dans l'art de mentir, de répondre à côté de la question, de voler leur prochain sans en avoir trop l'air, mais leur main est toujours tendue au voyageur à l'heure du besoin, et personne ne sait jouir comme eux du simple plaisir de se frotter à l'étranger qui passe. » Et puis, entre deux rencontres, il y a la route. Son silence, son mystère, ses leçons... « M'aura-t-elle appris, cette fois, quelque chose de plus ? s'interroge le marcheur. Je n'en suis pas sûr, je suis une bête du genre rétif. Après six mille kilomètres, je n'accepte toujours pas de m'avouer le pourquoi de cette aventure, de cette folie. La piste qui s'étire loin au-delà de l'horizon a l'air de se moquer de moi. Me mènerait-elle par le bout du nez ? C'est possible. Et je dirai que je m'en fiche un peu. Nous nous connaissons depuis si longtemps, à présent, elle et moi. Pas question de divorcer : nous ne sommes même pas à la moitié du chemin ! Mes amis continueront de ricaner gentiment : il marche, il marche, et ne sait toujours pas pourquoi ! Brave bête, je me garderai de leur répondre ce qui me trotte de plus en plus souvent par la tête : ils vivent, ils vivent, et ne sont pas beaucoup plus avancés. La piste, ma douce maîtresse, ma vieille maîtresse, me tromperait-elle ? Ce n'est pas grave. Elle m'a fait, chemin faisant, un cadeau qui vaut peut-être toutes les fortunes : elle m'a donné l'envie de continuer. » Suite des aventures de Bernard Ollivier, l'auteur de Longue marche (paru en avril dernier), acclamé par toute la presse - et plébiscité par les lecteurs. Lequel poursuit ici son chemin le long de la Route de la Soie. Au cours de ce deuxième récit : ses aventures en Iran et dans les déserts du Turkestan... jusqu'à Samarcande !
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EAN
9782752900791
Caractéristiques
| EAN | 9782752900791 |
|---|---|
| Titre | Longue marche Tome 2 : Vers Samarcande . A pied de la Méditerranée jusqu'en Chine par la route de la |
| Auteur | Ollivier Bernard |
| Editeur | LIBRETTO |
| Largeur | 120mm |
| Poids | 256gr |
| Date de parution | 15/04/2005 |
| Nombre de pages | 305 |
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