Heinrich Himmler. D'après sa correspondance avec sa femme, 1927-1945

Himmler Katrin - Wildt Michael - Mannoni Olivier

PLON







Revue de presse



C'est de ce terrifiant acteur de l'histoire que paraît aujourd'hui la correspondance : ouvrage éditorialement unique, puisqu'il donne accès aux lettres qu'un dirigeant nazi de premier plan a échangées avec sa femme, Marga, entre 1927 et 1945. Lettres volées par des soldats américains, puis vendues et finalement échouées, les unes à Coblence, les autres à Tel-Aviv...
Partagé entre épouvante et fou rire, on cherche quelle discipline, quel axe de réflexion philosophique, éthique, politique pourrait fournir les moyens de penser l'énigmatique unité de cette personnalité et l'insignifiance de tels échanges, au regard de l'énormité des massacres. Le concept arendtien de " banalité du mal ", s'il vaut peut-être pour Eichmann qui, jugé par un tribunal, cherchait à se disculper en se présentant comme un rouage ignorant du mécanisme totalitaire et de l'énormité criminelle de l'entreprise nazie, n'éclaire pas le cas Himmler tel qu'il apparaît à travers cette correspondance privée. Car ce qui reste inintelligible, c'est l'articulation entre, d'une part, la sentimentalité médiocre, convenue, de cet homme, et, de l'autre, le silence gardé sur la réalité criminelle de ses activités...
On ne doit pas déceler quelque pathologie schizoïde là où il n'y a rien d'autre que la défiguration d'une certaine normalité : un sens du devoir, de la " gentillesse ", un " travail " méticuleux, un souci de " correction " mis au service de la fureur génocidaire. (Elisabeth Roudinesco - Le Monde du 13 février 2014)

De prime abord, ces échanges transpirent le conformisme et même la sentimentalité. Les expressions stéréotypées pullulent. Et alors, dira-t-on ? On peut être tenté de projeter sur certains propos anodins l'horreur connue. Comment, également, distinguer dans la rudesse de l'éducation entre la part personnelle et celle de l'époque ? Pourtant, derrière une inquiétante normalité, des notations décèlent un mépris glaçant pour l'humanité...
Ce qui frappe à la lecture, c'est la permanence du langage crypté. Le mot «décent» apparaît ainsi de ­façon obsessionnelle. Les nazis ont un côté politiquement correct. Le comportement d'Himmler est cohérent. Il agit de façon méticuleuse et «correcte». Il n'éprouve pas l'ombre d'un doute, d'un remords. (Jean-Marc Bastière - Le Figaro du 27 février 2014)

Les lettres que l'un des plus grands criminels du XXe siècle échangeait avec sa «bonne petite femme» sont aujourd'hui publiées, soixante-neuf ans après son suicide en avalant une capsule de poison après son arrestation. Chef des SS et de la police allemande, Heinrich Himmler avait été chargé, par Hitler, de la persécution et de l'extermination des juifs d'Europe. (Annette Lévy-Willard - Libération du 6 mars 2014)

Ce n'est pas la banalité, mais la petite-bourgeoisie du mal qui ressort de ces lettres, le confort de la haine dans le mépris de la démocratie...
L'agronome éleveur de poulets n'aimait pas Berlin, symbole pour lui de la décadence comme la république de Weimar. Elle lui donne du «tête de mule», du «lansquenet bien-aimé» et signe «Ta Marga». Pour lui, c'est «Ton Heini». Ils se comprennent, ils s'appartiennent dans la même détestation des autres et la vénération pour Hitler. Quand elle le qualifie de «très méchant mari», c'est de l'humour. On s'écrit pour ne rien se dire, ou si peu. Pas besoin de mots quand le dégoût des autres est si fort...
Ce chef sans charisme parle de son «travail», comprenez tortures, tueries, exterminations. Il est un bourreau appliqué. Sa femme est fière de lui. Himmler n'a pas la mythomanie de Goebbels. Il a une mission à accomplir et il le fait au mieux. Epoux attentionné et criminel convaincu. (Laurent Lemire - Le Nouvel Observateur du 20 février 2014)



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EAN
9782259214728
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