APRES L'ETAT-NATION. Une nouvelle constellation politique
L'État-nation à l'épreuve de la mondialisation.
La multiplication des échanges dans les domaines de l'information et de l'économie a des effets dévastateurs sur la société : paupérisation, dissolution de la solidarité, exclusion, rejet de l'étranger... Parce que la mondialisation modifie aussi les structures de l'État traditionnel, ce dernier a du mal à trouver un mode d'action approprié à cette nouvelle donne.
Une politique intérieure à l'échelle de la planète est-elle possible ?
Aujourd'hui, l'apparition d'hommes politiques issus du monde de l'entreprise comme l'incapacité des gouvernements à résister à la dérégulation des marchés semble montrer qu'on ne fait plus confiance à la politique comme moyen d'imposer une justice sociale. Or en dépit des modifications que la mondialisation lui fait subir, c'est à l'État de créer une solidarité sociale, à former les citoyens à l'idée d'une communauté à l'échelle mondiale.
Un fédéralisme élargi au niveau de la planète.
Les organisations mondiales ont des moyens d'action limités parce qu'elles ont une conception trop statique de leur cadre gouvernemental. À l'échelle planétaire, seule une conception dynamique de la politique, conçue sur le modèle fédéraliste d'une interaction entre les différents États du monde, peut relever le défi de la mondialisation. -- Idées clés, par Business Digest
Le titre de l'ouvrage laisse attendre un texte de philosophie politique alors que ce que l'on y découvre est plutôt un commentaire de l'actualité politique de la mondialisation - certes au-delà de l'actualité politicienne. L'auteur se place face à ce thème pour évaluer les positions de ceux qui mettent en avant l'impossibilité de tenir les acquis de l'État-Providence.
Il va ainsi souvent utiliser des termes tels que ceux "d'État administratif", "d'État fiscal", "d'État-Nation" bien sûr, "d'État social" et "d'État régulateur". Ces différents termes - si l'on excepte le concept d'État-Nation - sont à contenu fonctionnel. Et pourtant il est surprenant de ne pas voir l'auteur mentionner Hannah Arendt (en particulier Les origines du totalitarisme) qui avait indiqué que la crise réelle de l'État -Nation commençait avec la Première Guerre Mondiale et avait débouché sur les formes totalitaires que l'on sait du fait de la disparition brutale des corps intermédiaires et la substitution de catégories telles que le parti ou la race à ces institutions là.
Les questions que nous pose Habermas concernent la mutation du champ de la raison d'État. Il nous conduit à nous faire une opinion sur le concept de mondialisation avec ses commentaires, du moins pris au second degré. Quelle est, au fond, la nature de ce qui est à l'oeuvre ? S'agit-il de l'avènement d'un État qui tendrait à redevenir gendarme et qui se pose en même temps la question de l'efficience de ses services publics ? S'agit-il du résultat d'une pression active de la part des dirigeants des plus grandes entreprises qui conduirait ainsi à la contestation de l'appareil d'État, même si aucune réelle concertation en ce sens ne puisse être retenue contre eux ? S'agit-il du terme des contradictions d'un État-Nation qui viendrait alors se dissoudre dans nuées d'organisations supra-étatiques ?
L'auteur va d'ailleurs souvent se confronter aux arguments issus des développements actuels de la pensée libérale. De nombreux fils dépassent du texte et Habermas nous invite, par là même, à les tirer. C'est par exemple le cas de la question du totalitarisme : alors, cette mondialisation qui conduirait à la dissolution de l'État-Nation est-elle, une fois de plus, un projet finalement totalitaire ? C'est aussi le cas de l'impact de la technique : les nouveaux contours de l'organisation technique sont-ils potentiellement nuisibles ? Certains traits de la thèse de "l'horreur économique" se retrouvent ainsi de façon diffuse dans les trois textes qui constituent l'ouvrage. Et la valeur du travail, quelle place lui reste-t-il ? Que devient l'universalisme des droits de l'homme hérité de la philosophie des Lumières au regard de l'ambiguë multiculturalisme ? Il est en effet troublant de constater, avec lui, comment le thème de la mondialisation va de pair avec celui de la reconnaissance - voire de l'exacerbation - des différences.
L'intérêt d'un tel ouvrage pour l'acteur d'entreprise est important : il offre des pistes de réflexion pour l'aider à soupçonner l'évidence de la mondialisation. Au lieu de rester sur le plan de la relation de cause à effet - la mondialisation aurait conduit à la dissolution des frontières - il permet ainsi se demander en quoi mondialisation et organismes supranationaux font système.
Il permet aussi de trouver un commentaire aux thèses politiques de la philosophie des Lumières (celle de Kant et de Rousseau) au regard de la philosophie libérale de l'époque (celle de Hobbes et de Locke) et de constater le déclin des concrétisations de l'une au profit de celles de l'autre.
Mais l'homme d'entreprise peut aussi mesurer les contradictions à l'oeuvre au fur et à mesure des concrétisations en développement issues de la philosophie politique libérale et évaluer ainsi le risque encouru finalement par l'entreprise.
Nous sommes responsables des institutions que nous créons et, à ce titre, le déclin de l'État-Nation et l'émergence actuelle de formes beaucoup plus floues en ont long à nous dire sur les contours de cette responsabilité là. Tel est le message d'Habermas. -- Business Digest
| EAN | 9782213605531 |
|---|---|
| Titre | APRES L'ETAT-NATION. Une nouvelle constellation politique |
| Auteur | Habermas Jürgen |
| Editeur | FAYARD |
| Largeur | 135mm |
| Poids | 187gr |
| Date de parution | 19/01/2000 |
| Nombre de pages | 157 |
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