Art

Cumming Robert - Dobenesque Etienne - Renucci Véro

GRUND

QU'EST-CE QUE L'ART?

On voit très peu d'artistes à demi-morts de faim dans une mansarde sans chauffage, créant chef-d'oeuvre sur chef-d'oeuvre à l'insu de tous, pour trouver enfin la reconnaissance au moment de mourir. L'image de l'artiste en génie seul et ignoré est attirante mais trompeuse. La réalité est bien plus prosaïque.

La plupart des artistes ont été des hommes et des femmes hautement qualifiés dans leur domaine, durs à la tâche et conscients de leur potentiel commercial, dirigeant souvent des ateliers bien organisés et surchargés de travail, avec des assistants. L'artiste dont le talent n'est pas reconnu au cours de sa vie est rare. Bien plus commun est le cas de l'artiste qui s'attire des éloges et une reconnaissance sans bornes pendant sa vie pour tomber ensuite dans une obscurité irrémédiable.

L'ARTISTE DANS L'HISTOIRE

Pour autant, il est indéniable que le rôle de l'artiste et ses relations avec le reste de la société ont changé au cours de l'histoire. On peut repérer trois tournants significatifs. Dans l'Antiquité et le Moyen Âge, les artistes étaient essentiellement des artisans compétents au service d'un employeur, le monarque, l'Église ou une organisation collective. Leurs activités étaient soutenues et encadrées par un organisme professionnel ou une corporation.
Au début du XVIe siècle, Léonard de Vinci décréta que l'artiste devait être traité, socialement et intellectuellement, à l'égal des aristocrates et des lettrés. Les grands artistes de la Haute Renaissance partageaient cette aspiration, et l'épanouissement majestueux de leur art est la preuve de leur succès à faire accepter ce nouveau rôle. Il convenait autant à l'artiste qu'au mécène et perdura jusqu'à la fin du XIXe siècle. Il permit à l'artiste de jouer un rôle capital dans la société, en devenant le confident des princes et des papes, parfois même le diplomate et le courtisan.

UN CHANGEMENT RADICAL

La Révolution française fut à l'origine de profonds changements politiques et sociaux. Le monde de la monarchie et de l'aristocratie commença à décliner. Un nouveau sens de la liberté individuelle était dans l'air, et l'art attira de nouvelles personnalités qui, auparavant, auraient ignoré la vie artistique. L'esprit romantique inventa alors un art centré sur les émotions et les expériences personnelles. Caractérisée par son admiration pour l'Antiquité et une formation approfondie et méthodique, la tradition classique persista avec le romantisme, mais elle était en déclin.
L'esprit d'indépendance mena à un tournant dans la seconde moitié du XIXe siècle, et à un nouveau rôle pour l'artiste. C'est le peintre radical Gustave Courbet qui l'exposa avec le plus de force, décrétant que le véritable artiste devait se tenir à l'écart du reste de la société, affranchi de toutes les conventions sociales et libre d'édicter ses propres règles. L'idée avait sa force, notamment aux yeux de jeunes gens en colère, dont beaucoup souhaitaient établir un art nouveau traitant des questions qui étaient au coeur de la société industrielle et de la conscience nouvelle des émotions et des relations humaines mise au jour, notamment, par l'analyse freudienne. C'était une condition nécessaire au développement de l'art moderne, et elle mena à un chapitre unique dans l'histoire de l'art: la motivation première de l'artiste n'était plus en effet la reconnaissance publique ou professionnelle, l'argent ou la réussite sociale, mais un désir de réformer la société et les relations humaines, et, littéralement, de changer la façon dont on voit le monde.

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EAN
9782324001673
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